Description

Il très rare de pouvoir transmettre l’histoire d’une arme et de ses précédents propriétaires.

Très souvent, les noms tombent dans les limbes et les exploits cynégétiques restent pudiquement entre le Nemrod et sa proie.

Il est néanmoins du devoir de l’armurier d’observer et d’incarner ce rôle de transmission de mémoire.

Ce fusil n’a peut être pas fait carrière dans l’armée, et pourtant il a survécu à une période sombre et à une occupation qui fût peu clémente envers les armes dument enregistrées dans les Commissariats en 1939. Cette belle arme a peut-être été au service d’une Diane chasseresse dans les années 1920. D’elle, elle a gardé l’élégance de ses lignes.

 

Si le fusil à platines ou faux-corps ont leurs adeptes et de nombreuses qualités, renforçant notamment la jonction crosse bascule, les box-lock (entendez fusils hammerless classiques) incarnent une sobriété très “old money”.

Point besoin de gravures “spaghetti” ou d’animaux mythologiques ciselés d’or. Une simple bascule bronzée, dont les contours sont soulignés, rien de plus.

Enfin, ce serait ignorer la pureté de sa ligne, sans aucune arrête brisée ou interrompue trop brusquement. C’est une expression du bon goût et du talent de son artisan.

Bien sûr, à une époque de fusils semi auto, à boîtier en alliage et crosse synthétique à 400€, une arme “patrimoine” possède un aspect certes anachronique.

Or, est-ce néanmoins un problème que de se distinguer par le beau ?

Cette arme a fait et fera bien plus de saisons et de perdreaux que n’en feront jamais ces armes modernes, aux grandes promesses et qui sont parfois usées avant la fin de leur garantie.

Il est absurde de vouloir alléger un douze au prix de la qualité de ses matériaux et sa durabilité dans le temps. Ce seize, tout en vrai acier fera aussi bien et plus longtemps. Pourquoi ? Parce qu’il aura été fait pour par un armurier-fabricant comme on n’en fait plus.

La répartition de sa gerbe et sa longueur font qu’il piquera bien plus et portera à des distances qui étonneront tous ceux qui emploient moult charges extra-lourdes (une piste parmi d’autres expliquant l’état dans lequel on retrouve ces fusils en alliage après trois saisons…).

Votre épaule sera en un seul morceau en fin de journée et prête à repartir billebauder dès l’aube. Et ce sans le moindre sabot en caoutchouc de 50mm. Une simple plaque en corne, du plus bel effet.

Le vrai luxe est dans les détails et dans un confort non ostentatoire mais adapté au terrain. Juste l’efficacité jointe à une certaine idée de l’élégance.

Sa crosse au beau noyer au grain fin prend racine dans une superbe plaque de couche en corne aux reflets azurés telle l’aurore “aux doigts de rose” d’Homère. Les quadrillages surfins sont encore d’une fraîcheur surprenante. Il faudrait que ce fusil nous renseigne sur sa crème hydratante! Leur grain accroche juste ce qu’il faut sans usure excessive ou reprise. Très Bon état aussi. La longueur de crosse est de 34cm.

De nos jours, la restauration d’un tel quadrillage qui aurait trop souffert serait freinée par le coût faramineux du projet et par la dextérité de nos magiciens modernes qui, malgré leur talent, auront bien du mal intégrer leur intervention dans les traces de celui qui quadrillant toute la journée depuis ses plus tendres années avait atteint à l’âge mûr le rang d’orfèvre.

L’époque a passé. Mais ici nos yeux et nos doigts bénéficient encore avec notre beau fusil des ces heures d’humbles existences artisanales. Alors rendons hommage par la pensée à toutes ses petites mains de l’artisanat liégeois et stéphanois qui sous la forme de petits ateliers d’une ou deux personnes, souvent l’épouse ou la vieille mère du crossier, complétèrent à la lumière d’une petite fenêtre la réalisation de leur homme. Que de fois Maître Flingus s’est transporté par la pensée dans de tels ateliers en admirant le galbe d’une crosse ancienne, la douceur d’un quadrillage ou d’un bronzage ou bien les attaches en agrafes de deux canons juxtaposés…

Tout un monde qui a disparu avec la guerre dans laquelle nombre de ces beaux fusils d’artisan ont péri.

Celui ci fait exception et ne laisse pourtant aucun doute sur le fait qu’il a été réalisé entre 1910 et 1930. La plupart des survivants portent souvent les lourds stigmates de leur inhumation provisoire. Au fin fond d’un jardin ou sur la poutre la plus haute de la maisonnée, peu ont réussi à rester au sec jusqu’au départ des Panzer au profit des Shermann. Très peu de ces armes d’artisans des années 20 sont dans cet état de conservation.

La mécanique de l’arme est fluide et efficace, très ferme. Les départs sont très bons. En étant jusque boutiste, un très infime jeu vertical se sent à peine, et seulement longuesse démontée et en forçant comme une mule ! Bref arme impeccable !  Il ne vous trahira jamais…

Le corps de la bascule est légèrement arrondi, d’une grande sobriété qui fait son charme.Les pistons suivent également cette tendance, s’approchant du style Guyot sans pour autant en avoir la lourdeur. Nous sommes sur une réalisation de transition, typique des années 1920, confirmant une fois de plus son ancienneté et son siècle d’existence.

Hélas, il ne nous a pas été possible d’identifier l’orfèvre à l’origine de cette superbe création. A défaut de pouvoir lui serrer la main, nous laissons une photo en gros plan au téméraire qui saura l’identifier. Une fois de plus un illustre inconnu au Registre Général des Armes… “Artisan stéphanois” . Votre armurier préféré se met à les collectionner !

L’intérieur des canons est très bon, intégralement miroir pour celui de gauche (3/4choke) et tandis que celui de droite (1/2), servant un peu plus, possède quelques taches en sortie de chambre sans gravité. Celles-ci ne sont ni rédhibitoires ni problématique. Un bon nettoyage au bore-cleaner ou à la Parker Hall  009 avec les coups de baguette appropriés et cela aura quasiment disparu.

Aucune usure à la bouche n’est à constater, les canons sont très beaux extérieurement avec un bronzage ancien, les couvrant dans leur intégralité et avec une jolie patine, virant chocolat.

Les secrets de recettes des artisans bronziers d’autrefois ont depuis longtemps été perdues. Chaque teinte de bronzage leur était propre et souvent source de fierté. Entamer une collection sur le thème de leur variation serait un véritable travail de Sisyphe, mais ô combien passionnant !

La longuesse est à l’image de la crosse qui l’accompagne, ses quadrilles sont excellents. Elle tient très fermement en place. Il faudra choper le coup de main pour ne pas s’esquinter le doigt…Pas moyen qu’elle se fasse la malle !

En somme un très bon fusil d’artisan des années folles, amoureux du travail bien fait.

Cette arme élégante comme une Coco Chanel, ne manque pas de qualités et de piquant. La première qualité d’une arme de chasse est d’être bien équilibrée de sorte à bien monter. Nous frôlons ici la perfection.  Chose difficile à décrire sans l’avoir en main, tant c’est une notion personnelle et liée à l’habitude. Elle saura vous charmer et vous emporter au plus profond des bois pour n’en ressortir que gibecières bien garnies !

Quitte à sortir un 16, faite le avec une arme d’exception, introuvable aujourd’hui dans cette qualité et dont l’équilibre vous surprendra !

 

Arme de catégorie C au CSI : Licence de tir en cours de validité avec cachet et signature d’un médecin au dos ou bien un permis de chasse avec sa validation pour l’année en cours ou l’année précédente ET CNI ou passeport en cours de validité.

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