Description

Finalement, on ne le voit pas souvent le petit Mauser HSC.

On peut même dire que parmi les pistolets de sécurité immédiate allemands de la seconde guerre mondiale, c’est sans doute un de ceux que je vois le moins souvent. 

Ce n’est pas non plus si étonnant que cela.

La production total du Mauser HSC (y compris l’après guerre avec les productions pour les USA en plus) n’a pas dépassé les 335.000 exemplaires en tout.

Ce qui n’est pas un chiffre si considérable (et même assez peu) dans l’Histoire de l’armement. Surtout quand l’arme est censée avoir été adoptée dans un conflit majeur.

Pendant la seconde guerre mondiale, il n’en a été produits qu’environ 252.000 seulement.

137.000 armes ont rejoint l’Armée, 27.000 la Marine, 28.000 diverses unités de Police ou assimilés (Gestapo, Kripo, Polizei de l’Est, Douanes et Ministère de la Justice) et 59,000, quand même, sont allés sur le marché commercial.

Très objectivement, je pense qu’une partie significative et sans doute le gros de ces exemplaires dits « commerciaux » par les auteurs sont quand même partis rejoindre les poches et étuis d’un certains nombres de soldats et policiers auquel ils n’étaient pas attribués « par fonction » si je puis dire.

Mais, au final, on ne peut pas dire que l’arme, excellente, soit courante.

Une autre raison de la relative rareté de l’arme est liée à l’historique de sa production.

Le Mauser HSC était vu chez Mauser comme une réponse de qualité à l’insolent succès de l’ennemi intime de chez Walther avec ses stars Walther PP et PPK. Le Mauser HSC était donc destiné dès l’origine au marché policier et de l’auto-défense.

Mauser visait aussi à produire une arme plus simple en fabrication que son Mauser modèle 1934, qui n’était qu’une évolution de son modèle 1914. Le développement du Mauser HSC avait commencé lui commencé en 1934. Les prototypes de pré-série étaient prêts dès 1937. Et il était sélectionné et prêt pour la production de masse dès 1938.

Toutefois, le Bureau Allemand de l’Armement refusa le début de la production jusque 1940 au motif qu’il souhaitait que Mauser se concentre sur l’exécution de ses contrats militaires déjà signés. 

Ne soyez pas dubitatif en regardant les numéros de série de vos Mauser HSC et en les comparant avec ce que je vous raconte plus haut.

Les petits malins de chez Momo commencèrent la numérotation des armes au chiffre de magique de…700.000! Rien que cela.

Fallait bien faire croire à une arme à succès dès la naissance si on voulait rattraper les petits Walther PP et PPK partis bien plus tôt dans la compétition et déjà adulés.

Ces HSC là ont tous été fabriqués à l’usine mère de Mauser à Obendorf  am Neckar. « HSc », cela se développe en Hahn-Selbstspanner C / Hahn-Selbstspanner Pistole Ausführung C = pistolet semi-automatique modèle C). L’arme existe en calibre 7,65 ou 32 acp. C’est un 8 coups. 

L’arme est moderne. Son chien quasi non visible mais accessible et son pontet profilé rendait cette arme très pratique à porter dans une poche de manteau, aucune aspérité ne s’opposant sa sa sortie rapide d’une poche.

Précis, discret, fiable, et tirant la cartouche de 7,65, ayant à mon sens une meilleure balistique à très courte distance que le 9 para pour un tel usage (oreilles préservées, quasi aucun recul, adaptée aux arme plus compactes et discrètes, in fine plus aptes aux tirs rapprochés et néanmoins contrôlés).

Le Mauser HSC, c’est vraiment l’arme des combats très très rapprochés.

Pas étonnant que beaucoup de policiers allemands et officiers de l’armée en aient fait leur miel. On a même repris sa production pour la police entre 1968 et 1977 tant il avait bien servi ses propriétaires. Cette dernière production a vu des exemplaires bleutés au lieu de bronzé et a été aussi produite en court ou 380 ACP ( la plupart de ceux d’après guerre sont des American Eagle produits pour le marché US ). Même les français l’adopteront. On va le voir.

 

Le notre est une très bonne pièce française de la période de la chute du  III°Reich. Eh oui.

Car c’est une des rares premières fabrications de l’Usine de Mauser Oberdorf sous occupation par les français à partir d’avril 1945 (Adolf n’avait pas encore utilisé son Walther PPK personnel à un usage qui a soulagé bien du monde) jusqu’à sa destruction du site par nos blanches mains en mai 1946.

L’arme est en excellent état. C’est un modèle phosphaté et non bronzé à plaquettes bois. C’est à cela qu’on distingue les premières fabrication des suivantes qui sont bronzées et le plus souvent avec des plaquettes de crosses bakélites noires. On les trouve avec ou sans anneau de dragonne (surtout les tout premiers).

Il possède encore tout son phosphatage à 85% ou plus avec juste un manque en sommet de carcasse. C’est assez rare car il n’est pas griffé de partout comme souvent avec ce revêtement. Il est même très beau.

Ce petit manque de phosphatage est très exagéré par mes EXCESSIFS gros plans qui font du moindre défaut un gigantissime problème. Mais bon, comme ça vous savez tout. Autrement arme vraiment très belle. TBE+

Outre les qualité intrinsèques du modèle et l’excellent état de la pièce, c’est une arme rare très intéressante en collection.

Le témoignage d’August Weiss, dernier Directeur de la Production de la maison depuis les années 30, a permis d’évaluer, faute des documents perdus lors de la destruction du complexe, mais avec précision, cette production d’armes Mauser entre août 1945 (car si l’usine a été occupée en avril, la production n’a repris qu’en août 45) et mai 1946.

Mauser a produit sur cette courte période 47.696 fusils 98k, 6.375 carabines 22 L.R, un peu moins de 20.000 pistolets HSC (environ 19.400 selon Weiss) et, plus rares encore, environ 2.560 Luger P.08 et environ 3.500 P.38. Il y en a un ici de ces P38 et vous y retrouverez aussi l’histoire particulière de l’occupation de Mauser par les français.

Le notre est de ces quelques 20.000 Mauser HSC produits sous contrôle français. C’est vous dire si cette variante est « courante ».

Beaucoup de ces armes sont restées dans des poches militaires et reparties en Indochine et Algérie où il s’en est encore perdu. Cet HSC est un vrai petit collector très recherché aux USA. Ils y sont bien plus rares que chez nous pour la raison évidente que ce sont les français qui les ont ramenés à la maison.

A quoi les reconnait-on ces HSC « jambon beurre » ?

Nos amis américains en ont répertoriés trois types avec des mix.

Les types « early » (précoces) comme le notre sont phosphatés et plaquettes bois puis phosphatés avec plaquettes bakélite noires du meilleur aloi, anneaux de dragonne ou pas (il y a quand même des « early » avec et les « late » sont sans). Les « late » (tardifs), eux, sont bronzé et à plaquettes bakélite.

Mais il y a eu des mélanges propres à ces périodes troublées. Environ un peu moins de 15.000 ont été effectivement « produits » avec des matières différentes selon les périodes mais environ 5.000 ont été juste assemblés avec ce qu’il restait dans l’usine mauser à notre arrivée).

Le seul moyen d’être sûr est d’avoir en main un Mauser HSC produit chez Mauser sous contrôle français en main est de l’avoir avec un numéro compris entre 952002  et 971239 pour les numéros extrêmes répertoriés (soit 19.237 pièces, chiffre cohérent avec l’estimation d’August Weiss de moins de 20.000 armes produites).

Et surtout il convient que l’arme soit doté d’un poinçon « RW » à la jonction pontet-carcasse dont la signification n’est pas connue mais qui est la marque des HSC produits sous contrôle français. 

Le numéro de série en 953.xxx de notre Mauser HSC de ce jour confirme bien un tout modèle précoce produit encore en 1945 probablement à l’automne. Le poinçon est bien présent toujours en pontet au même endroit.

Il est mécaniquement impeccable. Le ressort de culasse est bien ferme. La percussion est nette et franche.

A titre personnel, maniant pas mal d’armes militaires d’époque, j’ai été surpris par sa détente assez souple en double action pour une telle arme. Son canon est miroir et même neuf ! Une excellente arme.

Pièce en TBE et peu fréquente en version phosphatée bien conservée, elle constitue la meilleure alternative au Walther PP ou PK qui,eux, sont nettement plus fréquents. Une excellente et peu courante addition pour un collectionneur amateur d’armes allemandes symboliques de la 2ième guerre mondiale.

 

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