Description

Il y avait un moment que je la cherchais une.

Une très belle pour mes clients les plus exigeants et conforme à l’état que je souhaite pour ma modeste échoppe.

“Pas facile !” comme aurait dit Johnny après avoir perdu un bras de fer contre un routier de la Road 66.

D’abord elles sont assez rares.

Ensuite, elle sont souvent “pas belles”.

Et enfin même, assez souvent, bricolées… On va y revenir.

Je parle bien évidemment de la carabine militaire Winchester 1894 pour l’armée française de la commande de 1914.

Je ne vous refais pas l’histoire de la “Winch” 1894. Elle est néanmoins passionnante et elle est là.

On va juste parler de celle-là: une rare Winchester 1894 très officiellement militaire et “engagée sous les drapeaux pour la durée de la guerre” comme on disait à l’époque.

Winchester, Oliver, l’homme, puis la firme, ont toujours rêvé d’un beau contrat militaire avec l’armée américaine pour leurs armes à levier sous garde.

Ambition d’autant plus légitime qu’elles sont excellentes, que leur succès public et civil ne se démentait pas de modèle en modèle et que Winchester avaient quand même trouvé de vrais contrats militaires avec de vraies armées en Amérique Latine, en Chine, ou en Turquie.

De plus, ses “levier sous garde” avaient participé aux guerres indiennes sur le sol national. La très sélective Suisse avait même failli retenir la Henry 1860 qui n’est que l’ancêtre de nos Winchester.

Le système à levier sous garde valait donc bien quelque chose militairement. Las, las, Winchester n’eût jamais de contrat avec l’armée US…

Pour la 1894 c’est presque pire.  Je ne vois pas beaucoup de contrats militaires un peu sérieux, aux USA ou ailleurs, pour cette arme alors que ce fut sans doute le plus grand succès de la firme avec plus de 6 millions de Winchester 1894 Made in USA vendues (près de 8 millions en tout avec celle de l’après Winchester)!

A part, exception qui confirme la règle, celui qui nous occupe, le contrat français, bien sûr.

Ah, si.

J’ai bien retrouvé un achat d’urgence de 1,800 Winchester commerciales 1894 en .30-30 avec 50.000 cartouches (deux saisons de chasse d’un village bourguignon moyen) et portant en boitier la grenade enflammée de l’US Ordnance. C’était vers 1917.

Elles ont été attribuées à du personnel des Transmissions (!) en charge d’empêcher des velléités de grèves qui auraient pu perturber une production de bois d’aviation dans un sombre trou de la région Pacifique Nord près du Canada. Comme utilisation militaire…

Je signale aussi par probité un anecdotique achat de la Navy anglaise d’un peu moins de 5.000 1894 pour la garde de bord de vaisseaux de sa Majesté et pour… du déminage. Aucune preuve qu’elles aient été toutes livrées. Elles seront re balancées à la Home Guard en 1940. Plus drolatique, quelques exemplaires capturés sur des bateaux anglais reprendront du service dans la Wehrmacht sous la désignation officielle “Gewehr 248(e)” (!).

Mais eux ne les avaient ni commandées ni payées ces 1894…

Bref, seul le contrat français du 22 septembre 1914 a un peu sauvé l’honneur de la Winchester 1894 dans les marchés militaires.

Combien? 15.100 armes et 15,1 millions de cartouches.

C’est pas le Mosin Nagant non plus mais quand même… Un contrat d’urgence paraît il.

J’ai toujours eu un doute sur le caractère d’urgence du dit contrat. A peine un mois et demi après le début des opérations.

A la mi-septembre 1914, la France est un peu occupée (les étuis des derniers coups de feu de la Bataille de la Marne sont encore chauds), la terrifiante et épuisante “Course à la Mer” commence, et l’armée n’a sûrement pas encore totalement estimé ses pertes en armes des six semaines précédentes pour déjà passer un contrat “d’urgence” en connaissance de cause.

Un assez petit contrat en plus, sur une arme marginale, en calibre non réglementaire, et qui ne résoudrait pas grand chose.

Et puis un contrat, même d’urgence, il faut aussi spécifier le besoin, contacter le fournisseur, valider avec lui les modifications à adopter sur les armes, s’assurer des délais, valider la version définitive du contrat, laisser au prestataire le délai de transformation d’un premier lot, etc, etc…

Je doute un peu que tout cela ce soit fait entre le 3 août et le 22 septembre. Le contrat me parait très probablement préparé d’avant guerre pour avoir été signé aussi tôt dans la guerre et la thèse du contrat “d’urgence” lié à la guerre ne tient pas trop la route à mon sens.

J’ai toujours pensé à un besoin spécifique détecté un peu avant la guerre. Lequel ?

Sais pas. Déjà l’aviation ou les ballons dans un Corps, avec des besoins très précis de non-encombrement, de répétition et d’inutilité totale de la baïonnette, et dont l’importance montait en flèche et qui n’avait rien en plus? Possible.

Mais c’est peut-être l’origine de l’idée toujours répandue chez les collectionneurs que ces Winchester 1894 de 1914 auraient été commandées en urgence pour les ballons et les avions…

Bref.

A quoi les reconnait-on ces Winchester militaires françaises des autres 1894 commerciales produites par la firme de New Haven à la même époque ?

Ce sont toutes des armes dans les numéros de série compris entre  600.000 (tout rond) et 694.000. Le numéro le plus élevé observé par moi et dans les forums est dans les 693.xxx. Elles sont toutes de 1913 et 1914 (avec une assez forte proportion de 1913 et le reste essentiellement sur les 6 ou 7 premiers mois de 1914).

Ce qui est assez logique car le contrat prévoyait une livraison en plusieurs étapes dés 1914 et aussi sur 1915.

La plus forte proportion d’armes produites en 1913 par rapport à celles fabriquées en, essentiellement, début 1914, renforce d’ailleurs mon soupçon d’un contrat préparé un peu avant guerre qui elle débute, par surprise, en août 14.

L’armée française a négocié divers aménagements sur ces Winchester 1894 pour les rendre aptes au service sauf une modification de calibre (j’aurai adoré une Winchester en 8×51 Lebel !), car elles sont dans le classique 30-30 ou 30 Winchester.

Elles portent aussi leurs mentions normales de fabricant en queue de boitier et de lieu de fabrication et date de brevet en canon. Celui porte aussi toujours une mention indiquant en toutes lettres que le canon est en acier au nickel  et apte à tirer de la poudre vive.

En revanche, elles se caractérisent d’abord par une hausse en mètres (toujours la hausse modèle No. 44A mais en mètres), et non classiquement en yards, avec une graduation entre 200 et 1000 mètres.

Ensuite, on les a doté d’un anneau mobile de grenadière latéral sur la gauche du garde-main. Cet anneau à vis unique repose sur un petit aplat toujours très bien ajusté dans le bois.

Enfin un anneau mobile de grenadière latéral apparait sur la gauche de la crosse. Ce dernier est à deux vis et toujours sur un petit aplat toujours ajusté en bois. Notez bien que cette fixation n’a pas eu pour effet de supprimer l’anneau de selle qui est toujours bien là sur ces armes.

C’est du beau travail et ces petits aplats sont importants car ils sont ornés d’un “M” à l’anglaise, qui ressemble à un “W”, qui fait environ 2mm de hauteur sur chacun de ces deux aplats.

Il est important de vérifier la présence de ces anneaux particuliers et de cette petite lettre sur les aplats de ces anneaux ainsi que leur excellente insertion dans le bois car c’est un point important d’identification de l’arme.

Il existe en effet quelques “bidouilles” (sans paranoïa) et encore bien plus de 1894 Armée Françaises ayant subi les affres de nombreuses transformations depuis un siècle (souvent par suppression des anneaux et colmatage des trous de fixation), puis parfois “remises au modèle” avec d’autres anneaux de crosse et grenadière. Les bois ont souvent été changés. J’ai aussi vu des exemplaires “toutes bonnes” vers le bas mais à canon changé par un plus récent, l’ancien devant être probablement être trop moche.

Qui les a utilisé ?

On a assez peu de photos de ces Winchester aux mains des soldats français en 14-18 mais il est clair qu’elles ont servi dans l’artillerie, le train, l’intendance et chez les aérostiers.

Il existe aussi une photo d’un lieutenant du Génie avec une 94 Armée Française pendue au mur de sa cagna. Je me souviens également d’avoir lu un lointain récit d’un des premiers combats aériens (raté) de la guerre où un de ces premiers pilotes expliquait que des Winchester avaient été embarquées pour faire la chasse aux Aviatik allemands. Mais sans trop de succès… Était-ce d’ailleurs des 1894?

Plusieurs 1894 AF ont été identifiées portant un curieux marquage en “W +  quatre chiffres en crosse dont nul ne connait l’origine.

A titre anecdotique, mais qui expliquerait, outre le temps, qu’on en voit assez peu in fine en France et encore moins en TBE, il faut savoir que celles récupérées à la fin de la Guerre ont quitté la France après avoir été revendues en surplus en Belgique après guerre de 14

Elles semblent avoir été rachetées (après juin 1924 – à cause du type de poinçon belge utilisé qu’on trouve sur ces armes) par une ou des entreprises pour alimenter les petites armées privées qui gardaient les mines de pierres précieuses au Congo Belge.

Plus drôle encore c’est un importateur canado-américian, Joe Salter, qui en en aurait racheté un paquet de ce dernier lot à l’indépendance du Congo vers 1960. Elles seraient donc revenues “à la maison” sur le continent nord américain après un long périple européo-africain.

Elle a vraiment voyagé la Winchester 1894 Armée Française…

 

Notre exemplaire est très un bel exemplaire bien conforme en tous points au descriptif ci-dessus. Elle est d’être 100% conforme et d’époque.

Son numéro de série est 671.180. Un numéro de série qui la date de 1914.

Plus exceptionnel, l’acquéreur trouvera avec un certificat du Buffalo Bill Center aux USA, qui détient les archives de Winchester, et qui confirme que notre arme a vu son numéro de série apposé très exactement le 9 mai 1914. Comme ça on pourra fêter son anniversaire exact ! (c’est pas si courant!).

Les bois d’origine sont en parfait état – je pense qu’ils ont été revernis – très professionnellement – à une époque ancienne – car le vernis est très beau. Les bois (crosse et fût) sont sans coups ni enture aucun et avec très peu de traces de manipulation.

C’est très rares sur ces Winchester 1894 qui ont fait la guerre et ont été stockées ou sont souvent parties à la chasse dans des conditions olé-olé lors de ce dernier siècle. C’est pour ça qu’on en voit très peu en TBE.

Les attaches modifiées à la demande de l’Armée Française sont bien conformes et d’origine. Leur ajustage dans le bois est juste parfait. Du travail d’époque. Ce n’est pas un remplacement. Elles portent bien toutes deux le petit “M minuscule à l’anglaise dont je parlais plus haut et qui est bien visible.

La hausse est aussi la bonne hausse type No. 44A en mètres bien conforme.

Outre le certificat, je livre avec une bretelle à fixation laiton conforme à celles employées par l’armée françaises en 1914-1918 sur ses armes.

L’arme à 98% de son bon bronzage Winchester d’origine juste un peu éclairci en boitier surtout coté gauche. C’est sûrement l’effet du port à la bretelle en dos. Ce bronzage est très beau. Aucune piqure ou trace de peau d’orange. On les voit rarement les fers des 94 AF dans un tel état de fraicheur.

Tous les marquages de fabricant, brevets, acier, modèle en queue de culasse sont tous bien nets et bien lisibles comme au premier jour – ils n’ont jamais subis d’outrage et ou d’effacement par nettoyage “intempestif “- C’est aussi assez rare.

Mécaniquement l’arme est un rêve. Ces fabrications n’ont quasiment pas de jeu en garde – le chien est bien finement quadrillé comme il doit l’être – mécanique très fluide et percussion bien ferme. La détente est assez bonne.

Le canon est plus que très beau: quasi miroir avec de très belles rayures bien nettes sans aucune trace d’oxydation même ancienne ou nettoyée – Exceptionnel sur ces armes.

Vous aurez bien du mal à trouver une 94 “AF” de 1914 – 1918 en meilleur état.

 

In fine, une variante exceptionnelle de l’iconique Winchester 1894, arme réglementaire française mythique, très peu courante et très rare dans cet état excellent.

Un must have pour un collectionneur de Winchester ou bien d’armes réglementaires françaises rares.

 

Arme de catégorie C au CSI : Licence de tir en cours de validité y compris médecin ou bien un permis de chasse avec sa validation pour l’année en cours ou l’année précédente ET CNI ou passeport en cours de validité. COMPTE SIA OBLIGATOIREMENT OUVERT !!

Rappel avec votre licence ou permis de chasse vous pouvez détenir sans limite de nombre des armes de catégorie C.

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