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Introuvable fusil réglementaire russe Berdan N°1 Modèle 1868 – Cal. 4,2 Lignes – Rarissime production Colt Hartford de 1869/70 – 30 000 armes seulement – Point de départ de tout l’armement russe moderne – Bois noyer TBE – Excellente mécanique intouchée – Beau bronzage et jaspage en culasse – Canon superbe – Excellent état général – Une des plus grandes raretés de l’armement réglementaire du XIX° Siècle – TBE++ !

Armes longues de Catégorie D

Très rare fusil réglementaire russe Berdan I – Modèle 1868 d’infanterie – Seulement 30 000 exemplaires produits aux États-Unis par Colt entre mai 1869 et mars 1870 – Bien plus difficile à trouver que son petit frère le N°2 – Belle crosse en noyer avec quelques marques – Bronzage et jaspage sur le corps de culasse bien présents – Marquages en cyrilliques – Arme jamais distribuée et excellemment conservée – Excellente mécanique – Canon splendide avec rayures parfaites – Très bon état général – Une des armes réglementaires les plus rares du XIX° Siècle. TBE++

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Description

Il y a de nombreux paradoxes tout au long de l’histoire russe.

Paradoxes désormais accumulés au cours des siècles au point d’entrainer jusqu’à ce jour de nombreuses incompréhensions devenues désormais structurelles (car les changements de régimes, alliances et dés-alliances, et autres bouleversements sociaux, chez eux et chez nous, n’y changent rien au fond) et ce, en dépit de fortes attirances réciproques, persistantes, intellectuelles, culturelles, voire sociétales, et d’interdépendances économiques évidentes.

En fait, tout date de 1054. Trop longue histoire et à trop de rebondissements pour être contée ici.

Un de ces nombreux paradoxes ou ruptures accumulés est le XIX° siècle russe.

Le XIX° siècle russe, c’est cette volonté fanatique des élites russes d’arrêter le temps à 1812, et, plus prosaïquement, à Catherine II (1796) au moment même où nous choisissons, nous, de jeter à la poubelle plus d’un millénaire de Monarchie pour nous plonger dans notre modernité.

Ce XIX° siècle russe est paradoxal car il est catastrophique politiquement. Il porte avec lui déjà nos propres catastrophes contemporaines de 1914 jusque Yalta, et y compris leurs suites de 1990 et 2022. Néanmoins, tout en fonçant vers l’abîme originel de 1917, ce même XIX° siècle russe produit en musique, en peinture, en littérature, en sciences, quelques uns des plus grands et plus beaux achèvements de l’Histoire de l’Humanité.

Achèvements qui portent encore. Même les chinois et les japonais adorent Tchaïkovski et Tolstoï fut un des maîtres à penser de Gandhi. Ce n’était pas gagné quand on sait ce qu’était la Russie en 1820. Une culture enclavée devenue l’une des trois ou quatre cultures universelles en moins de 70 ans alors que rien ne va du tout chez eux… Très russe tout ça.

Pas étonnant que nos politiques, sans même parler du germain moustachu agité ou du corse taciturne à bicorne, ne comprennent jamais rien à la Russie et se trompent à peu près tout le temps sur le sujet avec des conséquences souvent très désagréables pour nous. Au moins, les plus intelligents, comme Churchill, reconnaissent humblement qu’ils n’y comprennent rien jusqu’à dire  “La Russie est un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme…”

Et ce paradoxe du XIX° siècle russe, fut évidemment valable pour l’armement aussi.

Lorsque la Russie entre dans la guerre de Crimée, en 1853, c’est avec un armement totalement dépassé et le souvenir de 1812 dans tous les esprits. C’est un Empire déjà très malade qui fait face à une coalition composée des pays les plus modernes d’Europe qui eux dominent le reste du monde.

Navires à vapeur, obus explosifs et fusils rayés à balles Minié seront une recette gagnante même si le conflit, qui se termine en 1856, reste périphérique à l’échelle de l’Empire.

Il avait fallu attendre 1845 pour que la platine à percussion soit adoptée en Russie (avec un canon lisse) et…1854 pour avoir le 1er fusil à canon rayé… (des 1845 rayés en fait). Trop tard déjà pour la Crimée où les fusils rayés n’arrivent qu’en faible nombre en 1856.

La modernisation de l’armée arriva trop tard pour gagner la guerre mais elle était nécessaire pour relever le gant, ne pas perdre la face, et dissuader les étrangers de recommencer… au moins avant août 1914.

En 1856, après la guerre, les russes adoptèrent leur première arme longue rayée de calibre réduit pour l’infanterie en dotation générale, le Modèle 1856 ou Fusil « Six Lignes ». Il était bien tard mais pas trop tard pour bien faire.

Avec le Six Lignes, l’armée russe dit enfin adieux aux vieux mousquets à canon lisse et à grosses balles rondes pour aller vers les « petits calibres » de 6 lignes (15,24 mm) du système 1856, copiés sur celui des Enfield 1853 britanniques qui firent si grande impression sur les carrés d’infanterie russe à Balaklava.

Accessoirement, le passage de projectiles sphériques en 18mm à ceux de forme ogivale en 15mm, associé à la rayure des canons, doublait la portée maximale des tirs.

Le surnom « six lignes » provenait du calibre de l’arme et de l’unité de mesure russe, la liniya (« la ligne » ou 2.54mm), six liniya faisant donc 6/10 de pouce ou un bon .60 de calibre ou encore 15.24 mm pour nous.

Curieux hybride que ce fusil six lignes.

Sans doute parce qu’il avait fallut faire feu de tous bois pour refaire le retard.

L’arme conservait la platine à action arrière de style français des mousquets M1845 précédents (en fait une copie de la platine 1842 française) et introduisait un profil de crosse très anglais. Le montage du canon était anglais aussi et similaire à celui du Enfield 1853 troisième type. Sa baguette était une copie de la baguette du fusil autrichien M1854 Lorenz avec une tête en forme « tulipe » comprenant un trou de torsion. La hausse reposait sur une feuille pivotante de style suisse, du même modèle que celui déjà utilisé sur les carabines russes M1843 Lüttich, fabriquées elles à Liège en Belgique, qui n’étaient autres que des copies sous contrat belge du fusil Brunswick britannique ! Les bois étaient en bouleau teinté avec un motif de grain similaire au hêtre autrichien et prussien…

Ce curieux fusil-mousquet à percussion Six Lignes resta la principale arme de l’infanterie russe pendant une décennie.

Et sans doute est-ce tant mieux pour l’Empire russe, mais ces belles armes toutes neuves n’allaient pas avoir l’occasion de briller ailleurs que dans des expéditions coloniales en Asie Centrale ou dans des conflits frontaliers mineurs.

Le pays, n’ayant pas encore les infrastructures nécessaires pour produire en masse des armes bios et locales, dût se tourner vers l’Angleterre et la Belgique pour se fournir. Solution mal pratique et coûteuse, mais qui fit prendre au gouvernement conscience de ses insuffisances industrielles.

Promis, c’était la dernière fois que l’on ferait appel à l’étranger. Promesse qui allait faire long feu comme on va le voir et qui attendra en fait l’ère soviétique pour être entièrement tenue, bien que des efforts considérables fussent effectués.

Témoignage de la mentalité de l’époque, le fusil 6 lignes dit « de tireur d’élite » est gradué jusqu’à 1200 pas (ce qui est tout de même très très optimiste, même pour le tir en salve) tandis que celui de troupe, sorti deux ans plus tard, identique pourtant, verra la sienne…amputée de moitié.

Visiblement, à l’état major russe, on devait penser que le conscrit-moujik avait structurellement des problèmes de vue. A moins que ce ne soit les officiers depuis leurs bureaux.

Puis, comme le reste du monde, les Russes observèrent avec beaucoup d’intérêt la guerre de Sécession américaine.

La leçon la plus évidente de ce premier conflit industriel était que l’avenir était aux armes à cartouches métalliques à chargement par la culasse et que le fusil à percussion à chargement par la bouche avait fait son temps.

Toutefois, les Russes se trouvaient ici confrontés à la même question que toutes les autres grandes puissances : comment transformer leurs stocks massifs d’armes à percussion existantes en armes à cartouches métalliques pour ne pas envoyer à la poubelle des dizaines d’années de contributions publiques ?

Chacun répondit à sa façon.

Aux États-Unis, la solution fut le système « Trapdoor » d’Erskine Allin, en Grande-Bretagne, ce fut la conversion « Snider » et en France, la « tabatière » du Maréchal Niel.

Tous ces systèmes, différents dans leur cinétique et leur construction, étaient toutefois fondamentalement similaires en ce qu’ils reposaient sur un système à charnière faisant basculer un bloc d’acier permettant un chargement rapide par la culasse, une percussion centrale d’une cartouche parfois métallique avec, si possible, une étanchéité correcte de l’ensemble.

Les Russes étudièrent aussi ces systèmes et firent, eux, en 1869, le choix d’une conversion à charnière basée sur le dessin du concepteur tchèque Sylvester Krnka.

Le système Krnka était très simple. Le percuteur original était retiré et un nouveau bloc de culasse en bronze était ajouté et le canon était re vissé dans ce bloc de bronze. Le bloc de culasse lui-même s’ouvrait en faisant pivoter un bloc d’acier vers la gauche. Ce bloc contenait le percuteur et une pièce externe qui transmettait l’impact du marteau au percuteur.

L’arrière de cette pièce externe était usiné à plat de sorte que la partie du marteau modifié s’engageait avec la section plate, maintenant le bloc de culasse fermé au demi-armé et lors du tir. Le fusil était chambré pour une cartouche de calibre .60 à percussion centrale, la 15.24x40R.

Tous les fusils « 6 lignes », tous beaux tous neufs, seront donc modifiés à tabatière suivant le système Knrka à partir 1870. Tous à l’exception de l’extraordinaire carabine cosaque avec sa détente boule et son chien à anneau.

Dommage car cela aurait rendu très bien avec le bloc de culasse en bronze pivotant à gauche. Il est à noter que tous les autres systèmes de la famille « à tabatière  » basculent généralement vers la droite, côté platine, simplifiant légèrement le maniement.

Comme toutes les autres conversions d’armes militaires des années 1860-70, la conversion Krnka de 1869 était une solution temporaire jusqu’à ce qu’un meilleur système soit adopté. Mais, comme dans toutes les armées, le provisoire dura.

Si bien qu’à Plevna en 1878, lors de la Guerre Russo-turque de 1877-1878, la majorité de l’infanterie russe sera encore dotée de Krnka à tabatière face aux Martini et Winchester 1866 turques.

Que ce soit en termes de portée ou de puissance de feu, les Krnka ne faisaient pas le poids. L’infanterie russe, victorieuse à nouveau, paiera toutefois pour cela un lourd prix du sang.

Mais par quoi donc remplacer le système Krnka ?

L’état de dispersion de l’armée et de la marine russe sur la question était phénoménal.

Les différents comités qui se disputaient les budgets décidèrent d’adopter non pas un mais… six modèles d’armes et de cartouches entièrement différents! Projets assez contradictoires en plus.

On dénombrera des Terry-Normann et Carlé à aiguille et cartouche papier façon Chassepot, des Krnka encore modifiés bien souvent conçu sur bases de fusils Terry, des Albini-Baranov (proche du système Allin/Trapdoor), des fusils Evans à répétition pour la Marine et enfin les Berdan qui équiperont un jour le gros de l’armée russe.

Il ne faut pas rire d’une telle absurdité administrative à convertir à nouveau des fusils pas encore distribués. Je suis persuadé que nos administrations « modernes » en seraient encore bien capables de nos jours.

Alors d’où vient-il notre fusil Berdan dans tout ça?

En fait, les fusils Berdan. Car ils sont deux. Peut-être même trois. Il est lié en fait à deux personnages singuliers qui nouèrent une vraie amitié. Un russe et un américain.

Le Colonel Alexandre Pavlovitch Gorlov du Comité d’Artillerie, était l’observateur officiel de l’État-major russe durant la guerre de Sécession du coté des fédérés. A son retour en Russie en 1866, il produira un rapport très complet insistant notamment sur la nécessité d’employer des cartouches métalliques et sur la nécessaire fabrication d’armes à répétition.

En 1867, Gorlov, accompagné du lieutenant K.I. Gunius, est donc renvoyé de nouveau en Amérique pour rechercher cette fameuse future cartouche métallique de l’armée russe et l’arme dans laquelle tirer la dite cartouche.

Les russes avaient bien compris (comme aujourd’hui avec la Chine) que le cœur industriel du monde se déplaçait et, avec leur pragmatisme paysan congénital, ils devancèrent le mouvement en allant voir directement les meilleurs de l’époque, à savoir les fabricants d’acier et d’armes américains, de plus désormais très bien rodés à la fabrication industrielle d’armes.

Le premier réflexe de nos touristes russes ne fut donc pas d’aller visiter la statue de la Liberté ou d’aller jouer à la roulette (russe) à Vegas (les deux n’existaient pas encore) mais bien de filer directement à l’usine Colt de Hartford qui venait tout juste d’être reconstruite après la guerre.

L’usine de feu Samuel, privée des commandes de la guerre de Sécession, cherchait de son coté à renflouer ses caisses avec un contrat aussi juteux qu’important. Ça tombait bien.

Notez qu’au titre des souvenirs touristiques, nos deux officiers en villégiature américaine rapporteront dans leurs valises, certes deux fusils Berdan, mais aussi des Smith et Wesson dits « Russian » ainsi que la non moins célèbre mitrailleuse Gatling qui sera d’ailleurs surnommée « la Gorlov » au pays des Tsars.

Accessoirement, Gorlov et Gunius profiteront aussi de leur séjour américain pour aller voir les peux-rouges et chasser avec Buffalo Bill, le Tsarévitch Alexis et le Colonel Custer.

Très au fait de ce que représentait Colt, Gorlov décida de baser ses recherches à Hartford, dans le Connecticut, alors au cœur de l’industrie manufacturière et de l’industrie des armes aux États-Unis.

Dans ce qui fut, au final, une excellente manœuvre de relations publiques, la société Colt offrit aux officiers russes l’utilisation de leurs installations pour leurs tests et recherches.

Les Russes furent intraitables dans leur évaluation de chacun des systèmes à chargement par culasse prometteur alors en cours d’étude en Amérique. Mais aucun ne répondait parfaitement à leurs besoins. En pis-aller, ils s’orientaient vers des fusils Peabody à levier de sous garde et chien extérieur classique.

Mais nos deux émissaires rencontrèrent alors un colonel aux drôles de bacchantes, Hiram Berdan (1823-1893).

Personnage atypique, ingénieur en mécanique, tireur d’élite et formidable touche à tout, celui qui deviendra le Colonel Hiram Berdan, avait déjà été le commandant des célèbres Sharps Shooters durant la Guerre de Sécession, et un des pères spirituels du sniping ou tir de précision militaire moderne.

Il avait aussi déjà fait une immense fortune avant guerre en inventant en 1853 un appareil permettant de séparer l’or et le quartz souvent mélangés dans les mêmes gisements, au point que ce dernier était surnommé l’or des fous. La machine de Berdan tombait donc à point nommé pour la ruée vers l’Or.

Car, ceux qui ont fait fortune lors de la ruée vers l’or, l’ont rarement fait en creusant le sol de leurs mains. En revanche ceux qui avait le talent de vendre des pelles à 40$ pièce ou des solutions pour faciliter l’exploitation, eux furent vite millionnaires. Ce fut le cas de notre homme.

A titre accessoire, il avait aussi inventé avant guerre une faucheuse et une boulangerie mécaniques. Ses inventions lui avaient donc valu fortune et renommée internationale dès avant la Guerre où il s’engagea néanmoins pleinement.

Notez encore qu’après la guerre notre Berdan inventa de nombreux engins de guerre, y compris une canonnière sous-marine, un système de torpilles, un télémètre à longue distance et un fusible à distance pour les obus…

De 1867 à 1868, travaillant ensemble, Berdan, Gorlov et Gunius, développèrent, avec l’aide de la société Colt, un fusil entièrement nouveau pour l’armée russe.

Ils apportèrent de multiples améliorations au design, l’améliorant constamment, au point que certains auteurs ont suggéré que le fusil Berdan N°1 devrait être plutôt être désigné sous le nom de fusil Berdan-Gorlov.

C’est notre arme de ce jour. Le rarissime fusil Berdan I.

Certains feront remarquer qu’il est proche, dans son système de fermeture, du système dit « Allin Springfield » de conversion des Springfield 1863 de la guerre de Sécession. Et pour cause.

Berdan avait déjà conçu (et déposé en 1863) un système de conversion proche par sa fermeture de celui de notre Berdan, système adopté par l’Espagne pour convertir ses fusils à percussion à culasse. Il se trouve que Erskine S. Allin, le superviseur de l’Arsenal de Springfield, chargé de convertir les centaines de milliers de fusils Springfield à chargement par canon de la guerre de Sécession américaine, déposa pour ce faire, en 1865, un brevet pour un système de conversion qui empruntait un peu trop largement à celui du brevet de Berdan…

Après des dizaines d’années de procédures, Berdan finira par gagner devant la Cour Suprême son procès contre Allin et Springfield. Mais hélas pour lui, en 1895. Post mortem!

Le nouveau fusil Berdan, point de départ de l’armement russe moderne, offrait des améliorations significatives par rapport aux conversions russes alors en cours.

Cartouche métallique « de pointe » (on va y revenir), pas de « culasse » au sens d’un fusil à culasse tournante mais un simple boitier avec culasse basculante vers l’avant proche dans l’esprit d’une tabatière mais en plus facile de manipulation, un système à percussion linéaire reposant simplement un ergot de percussion qui dépasse de l’extrémité arrière du boîtier de culasse… Une arme originale et fiable.

C’est aussi un fusil élégant et particulièrement élancé, avec un boîtier presque du même diamètre que le canon, orné d’un simple bouton en forme de poire en guise de levier d’armement, légèrement saillant à droite du bloc de culasse.  L’arme était aussi dotée d’un système de percussion également discret dans le prolongement de la dite culasse. Tout cela donne au fusil une ligne particulièrement épurée.

Mais le coup de génie de Berdan tenait aussi à sa munition.

Berdan développa en effet pour son fusil une cartouche métallique nouvelle avec un amorçage nouveau.

Amorçage d’abord. La douille est en une seule pièce de laiton (2 sur les toutes premières versions) à la fois solide et peu coûteuse et surtout elle intègre directement l’enclume au culot. L’amorce n’est plus qu’une simple coupelle de cuivre chargée de fulminate.

Ce fameux « amorçage Berdan » allait devenir un standard quasi universel pendant tout le début de l’ère des cartouches métalliques et il reste jusqu’à aujourd’hui la norme mondiale pour les munitions militaires. Rien de mieux depuis lors du fait de sa simplicité de fabrication et de sa fiabilité d’airain.

La cartouche ensuite. Initialement en calibre .45 (11,43mm), la cartouche du Berdan fut réduite à la demande des russes de 0,6mm afin d’attendre le calibre .42 (10,75mm). Cette réduction du diamètre d’olive sans toucher à celui du corps de l’étui permis trois choses : augmenter la vélocité, réduire le poids et donner une forme de bouteille à la cartouche. Cette cartouche est désignée officiellement comme le .42 Russian Berdan ou 10.75×58mmR.

Conséquence ou préméditation, cela allait permettre à la fois de lui donner un plus grand volume de poudre tout en facilitant l’introduction, l’extraction ainsi que la gestion de la feuillure en asseyant la cartouche sur deux points et non uniquement sur le culot comme ses contemporains.

D’une contenance de 77 grains de poudre, avec une ogive calepinée, solution héritée des fusils de précision à chargement par la gueule (que Berdan connaissait bien comme ancien patron des sharpshooters), c’était la cartouche la plus en avance sur son temps. Cette disposition sera monnaie courante dans les années 1870 jusqu’à l’apparition de la poudre vive. Regardez donc nos cartouches de Gras 1874 originel pour vous en convaincre.

En réduisant le calibre initial pour correspondre à celui de .42 souhaité par les Russes, la cartouche du Berdan devint en fait la meilleure cartouche militaire de son époque.

Elle devançait de dix ans les travaux du Major Rubin en Suisse. Elle ne fut pas améliorée avant l’adoption du Mauser M1887 du marché turc, à la toute fin de l’ère de la poudre noire. Elle ne fut en fait véritablement surpassée qu’avec l’arrivée la cartouche sans fumée Lebel française de 1886.

Le fusil fusil Berdan I fut présenté en 1868 à la Commission d’adoption russe qui l’adopta illico sous la dénomination officielle de «4,2-линейная стрелковая винтовка образца 1868 года » ou « Fusil d’infanterie de 4,2 ligne modèle 1868 ». La Russie acheta également à Berdan les droits complets de fabrication du fusil, y compris le droit de le produire elle-même.

Une commande initiale de 30 000 fusils (seulement) fut passée auprès de Colt, ainsi qu’une commande de 7,5 millions de cartouches Berdan auprès de la Union Metallic Cartridge Company située à Bridgeport, Connecticut. Gorlov fut chargé de superviser l’inspection de la commande.

Fait intéressant, en raison des normes élevées de contrôle qualité des armes qu’il était chargé d’approuver, y compris sur l’interchangeabilité des pièces qui devint totale, Gorlov contribua beaucoup à la définition des normes de qualité de l’industrie armurière américaine de l’après la guerre civile.

Mais Berdan ne put s’empêcher d’améliorer encore son arme en recherchant un verrouillage amélioré de la culasse lorsque le percuteur était armé.

En adoptant un verrouillage par rotation, il mit au point un mécanisme différent, rapprochant le Berdan des Dreyse et autres Chassepot. Système amusant et très efficace, qui une fois sa culasse verrouillée laisse encore visible le culot de la cartouche. C’est ce qui donnera naissance au petit frère du Berdan I, appelé très originalement le Berdan II.

L’inventeur fut si satisfait qu’il décida de mettre sa nouvelle création en concurrence directe avec sa précédente œuvre ! Suicide commercial, dirait votre professeur d’économie ?

Coup de génie financier (rappel: Berdan est américain et businessman).

Il pouvait ainsi être payé une seconde fois et renégocier un meilleur tarif, ses preuves étant faites. Cela amusait les russes. Il y gagna même le surnom amusant de « Berdanov » et ses armes, ceux, affectueux de « berdanka » et «rushnytsa ».

En octobre 1869, avant même que Colt n’ait, de loin, terminé la livraison de son contrat de 30.00 fusils pour le Berdan I, Berdan présentait donc son nouveau design Berdan II, directement à Alexandre II et à l’armée russe.

Malgré les objections de Gorlov et ses efforts soutenus pour conserver le Berdan I comme arme standard d’infanterie, il semble que la simplicité robuste du Berdan II, couplée au désir russe d’utiliser ce modèle, plus facile à fabriquer, comme tremplin pour une production domestique moderne d’armements, ait emporté la décision.

Résultat ? Le Berdan I, premier fusil russe à chargement par la culasse, ne fut produit qu’à 30.000 exemplaires devenus aujourd’hui très rares alors que le Berdan II, adopté début 1870, sera produit en Russie à 3 millions d’exemplaires par les arsenaux de Tula, Izhevsk, et Sestroretsk.

A peine né notre modèle 1868 était donc abandonné aux oubliettes au profit du modèle 1870 et relégué à la seconde ligne avant même d’avoir été distribué! Vous comprenez maintenant pourquoi il est rare.

A titre militaire officiel, il ne participa qu’à la conquête du Turkestan en 1870. Un comble quand on sait qu’à Plevna, dix ans plus tard, un fantassin sur deux était encore équipé de vieux Krnka, incapables de tirer au delà de 600m et deux fois moins rapide que le Berdan I par dessus le marché!  Toujours le paradoxe russe ! Seule la garde et les grenadiers avaient des Berdan (II)…

On peut aussi presque considérer qu’il y eu un Berdan III avec le modèle expérimental 1885 à magasin tubulaire mis au point par le colonel Mosin, mais qui arrivait beaucoup trop tard.

Après l’apparition du fusil Mosin Nagant 1891, les Berdan II et probablement le solde des derniers rares Berdan I qui utilisaient la même cartouche, rejoignirent le front de 14-18 où la Russie, prise encore en défaut, manquait de tout.

Pendant la Révolution d’Octobre et la guerre civile russe, en raison du manque de fusils « 3 lignes » (les Mosin-Nagants de 7,62 mm), plus de 1 000 fusils Berdan II furent encore utilisés dans des unités de l’Armée rouge et des unités de la Garde rouge.

Les derniers fusils Berdan de l’histoire restèrent en service avec des unités de police dans les zones rurales jusqu’au moins décembre…1925. On en vit encore quelques uns en service avec certaines divisions arrière de l’armée soviétique jusqu’à l’automne-hiver de 1941, lors des batailles pour Moscou…

 

Notre fusil de ce jour est un de ces rarissimes fusils Berdan I, père de toutes les armes à culasse mobile de l’Armée russe et l’une des plus rares armes réglementaires du XIX° siècle.

On voit parfois le Berdan II sur le marché, et encore pas très souvent, mais rarement le Berdan I. Peut-être 5 ou 6 dans les dix dernières années chez nous.

Et celui-ci est bien un de ceux de cette unique commande russe de 30 000 armes réparties de mars 1869 à mai 1870 et passée à l’usine Colt de Hartford.

Car le fusil, très moderne pour l’époque, a sans doute aussi été fabriqué aux USA avec la mention « Colt’s Pt Fire Arms Mf & Co Hartford Co » sans doute à titre de quelques exemplaires de démonstration signalés par des collectionneurs américains.

Le notre est en revanche bien marqué en cyrillique et fait donc partie de la commande russe.

Son excellente qualité transpire par tous ses aspects. On n’était plus en temps de guerre, il s’agissait de produire le meilleur pour un client particulièrement exigeant (Smith en fera les frais quelques temps plus tard, d’où la quantité de revolvers pourtant plus qu’excellents du contrat militaire qui se retrouvaient sur le marché civil).

La crosse de ce fusil est dans un beau noyer, brunis par le temps. Cette essence de bois sera vite remplacée par des fabrications locales en bouleau sibérien pour le Berdan II dont les qualités ne sont plus à prouver.

Les bois sont globalement en TBE. La crosse de notre arme portent quelques traces de manipulations et petites griffures, ainsi qu’une ancienne tache d’huile près du talon. Un léger enfoncement est à constater sur le côté droit, près du pontet. Nonobstant ces quelques petits défauts les bois sont très beaux. Aucun coup important manque ou enture.

Ce dernier forme presque une crosse demi pistolet, rendant la prise en main très agréable et proche de nos habitudes modernes.

L’action, longue, est particulièrement linéaire, sure et simple à comprendre. Un des gros plus du Berdan I.

Côté mécanique, tout est contenu dans le le corps rond du boîtier de culasse. Seule la crête du percuteur accroche le regard comme le pouce. L’arme est d’un fonctionnement des plus instinctifs.

On comprend tout de suite qu’il faut armer la crête, puis soulever la culasse par son petit levier sur la droite.

La percussion est linéaire, simple et élégante, au moyen d’une « masse percutante » frappant le percuteur, un petit peu comme sur un VZ58.

Il s’agit de l’un des premier cas de l’utilisation d’un ressort à spirale pour la percussion dans une arme à feu. En sortant, ce percuteur verrouille le bloc de culasse. Du deux en un.

Séparer les fonctions d’armement et d’ouverture de la culasse permettait à l’époque de re-percuter une cartouche qui n’était pas partie précédemment et de protéger le tireur en cas de long feu. Le bloc de culasse conserve encore les traces de son jaspage d’origine.

Trésor d’ingénierie, la hausse, d’origine, est montée très en arrière de l’arme, ce qui offre plusieurs avantages. En plus de rallonger la ligne de visée, la hausse sert de base a la charnière du bloc de culasse. Simplification, efficacité, facilité à remplacer. Elle est parfaitement fonctionnelle et en TBE

Cette hausse est graduée de 600 à 1400 archines (une archine = 0,7112 mètre soit en gros 400 à 1000m) avec une position de combat à 500 archines.

Bonheur pour l’amateur de mécanique, l’ensemble culasse et hausse sont démontables.

La finition de base du Berdan, telles que décidées par Gorlov, voulaient que le récepteur et le bloc de culasse soient traités par durcissement de surface, que la queue de détente soit laissée polie, que le canon, le cache-pontet et la charnière du bloc de culasse soient bleuis, tandis que les autres pièces, y compris la baguette de nettoyage, soient uniquement polies. 

On peut donc en conclure que notre arme a parfaitement conservé sa finition d’origine !

L’arme a en effet conservé 75% de sa finition d’origine bleutée très Colt sur ses parties mécaniques qui devaient l’être et n’est ponctuée que de légères et anciennes traces d’oxydation. Fers en TBE.

Le canon est en très bel état extérieur, le bronzage éclairci façon « Colt 19ième  » (les amateurs de 1851 d’époque me comprendront) mais sans piqûre. Seule une légère peau d’orange à signaler au niveau de la gueule.

Ce très bon état de conservation externe répond à ses rayures internes, tranchantes comme un kindjal et brillantes comme la glace sur la Volga. Canon superbe !

Globalement, l’arme est à nettoyer de fond en comble et le moindre de ses petits défauts est très exagéré par mes gros plans comme d’habitude mais elle  est en TBE+; Bien plus belle que les rares exemplaires que j’ai vu passer en salle ces dernières années. Un sacré coup de chance pour une arme très rare !

Mécaniquement elle est irréprochable – sa culasse se manœuvre en souplesse et se verrouille en fermeté. Ressort de percussion encore bien solide pour un armement et une percussion des plus franches. Très bon état mécanique !

Le peu de marquages qui parcourent l’ensemble de l’arme témoigne que, bien que produite par Colt pour la Russie, elle n’a jamais été distribuée dans l’Armée russe du fait de l’absence du numéro de série qui était frappés à la main après le marquage de fabricant en canon à la réception depuis les USA. C’est sans doute ce qui l’a sauvée.

Ce long marquage en cyrillique sur le canon se prononce “Koltovskiy Oroujieniy zavod, Gorod Gardeford, Amerika » et se traduit par « Manufacture d’armes de Colt, ville de Hartford , Amérique ». Des plus exotiques !

La baguette est rapportée mais d’un modèle proche « à trou ». Les garnitures, vis, guidon et tenons de baïonnette sont tous conformes et en parfait état. L’arme est bien dans es bonnes dimensions réglementaires.

Bref une pièce complète, conforme sauf en baguette, intégralement d’époque et en TBE++. Surtout une pièce très rare…

 

Si les armes de surplus soviétiques ont été distribuées chez nous il y a encore une quinzaine d’années avec moult caisses d’Ak, Sks, PpSH, et autres Svt (et bien évidemment de Mosin Nagant), les fusils de la période tsariste d’avant 1891, surtout en TBE, sont quasi introuvables.

Broyées par la marche de l’histoire, ces armes constituent pourtant la base sur laquelle s’est construite l’armée russe puis soviétique moderne. On retrouve déjà sur les Berdan I et II, la ligne caractéristique des fusils russes, ne serait ce que dans la forme de la plaque de couche et la pente de la crosse.

Le Berdan I aura existé très peu de temps, faute à une administration lente et versatile alors que son petit frère était déjà là pour prendre sa place dans la famille.

Exclusivement produite en version infanterie (aucune carabine ou assimilés), et avec seulement 30 000 exemplaires sortis exclusivement de chez Colt, cette goutte d’eau de l’histoire de l’armement fut vite dévorée par l’Empire Russe et son histoire tourmentée. 

Le fait que cet exemplaire n’ait jamais été distribué, presque oublié pendant 150 ans, nous permet de l’apprécier dans son plus pur jus, comme si vous ouvriez sa caisse en provenance de l’usine Colt.

Pièce historique de l’armement russe de la plus insigne rareté et un ajout d’exception pour un collectionneur d’armes réglementaires du XIX° siècle ou d’armes russes.

 

 

1868г. Стрелковая винтовка Бердана N° 1. Только 30 000 винтовок этого образца было изготовлено фирмой Colt в США для России. В рабочем, очень хорошем механическом и эстетическом состоянии, не бывшая в употреблении. Оружие требует чистки, но в отличном состоянии.

Не стесняйтесь обращаться к нам, чтобы узнать наши условия отправки этого исключительного оружия. Возможность самовывоза на месте также через уполномоченное третье лицо.

 

Arme de catégorie D e) au CSI : CNI ou passeport en cours de validité obligatoire.

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Rappel : Toutes les armes de collection, de chasse, et de tir sont d’occasion et sont vendues dans l’état, sans garantie.
Toutes les armes historiques de fabrication ancienne vendues en tant que C ou D, « Collection » ou « Cow-boy shooting », sont des armes de collection non éprouvées pour le tir et non  testées en stand. Elles ont été inspectées visuellement relativement à leur état général et mécanique mais aucune n’a été utilisée au tir et elles sont donc vendues comme non testées. L’acquéreur désirant utiliser une arme pour le tir devra impérativement se rapprocher préalablement du banc National d’Épreuve de Saint Étienne, seule entité habilitée à délivrer des certifications d’épreuves préalable à un usage de tir.

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