Vendu !

Rare revolver Claudin à système – Éjection collective des étuis – 6 coups – calibre en 22LR (!) – Simple et double action – A ouverture vers le haut – Pièce rarissime et non documentée en 22LR- TBE

Le musée de Maître Flingus, ou "c'est déjà vendu !" avec descriptions et photos !

Rare revolver Claudin à système – Extraction collective des étuis – 6 coups – Calibre 22LR  – Simple et double action – A ouverture du cadre vers le haut – L’arme qui a blessé mortellement Gambetta – Mécaniquement et esthétiquement très beau – Pièce rarissime et non documentée en calibre 22LR – TBE+

SKU: 848-B-23
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Description

M’en a donné du mal celui-là à l’identification. Répertorié nulle part dans ce calibre en plus l’animal…

Ferdinand Claudin était armurier installé 1 rue Joquelet dans le 2° à coté de Notre Dame des Victoires. Elle s’appelait comme ça la rue depuis 1622 et elle est devenue Rue Léon Cladel en 1897- Aucune chance d’y retrouver la boutique de notre Ferdinand. Tous les immeubles ont disparu dans le chambardement Haussmannien.

Faudra que je songe à la retraite à organiser un tour guidé du Paris des armuriers et personnalités militaires. Tant à raconter des murs où fût Jeanne d’Arc à deux pas du Palais Royal et faire la démonstration vivante de ce qui s’est passé le 14 juillet 1789 en pillage d’armureries célèbres en suivant le parcours pédestre des émeutiers de cet étrange été ! Fallait bien s’équiper pour aller prendre la Bastille même en plein mois de juillet. Bref…

C’est sans doute ces transformations de l’urbanisme parisien qui poussèrent notre Ferdinand Claudin à déménager vers le 38 Boulevard des Italiens où nous allons le retrouver. Descendant d’une famille d’armuriers active à Paris depuis au moins trois générations et armurier réputé lui-même, il vendait du Smith&Wesson, du Fagnus, du Perrin à une clientèle plutôt haut de gamme. Et ses armes à lui aussi.

Le 19 mars 1870, Claudin déposa un ingénieux brevet n°89279 pour un revolver à brisure disposant d’un système d’extraction collectif des étuis en une seule manipulation. C’est notre arme de ce jour.

Le principe de la chose repose sur une petite étoile logée en partie postérieure de barillet. Arme ouverte (on va y revenir), lorsque l’on presse sur la tige d’extracteur, l’étoile se dégage de l’arrière du barillet entraînant avec elle les étuis saisis par le culot. Simple et efficace et un pas notable néanmoins dans les système d’extractions collectives d’étuis qui erreront entre pas mal de solutions jusqu’au barillet basculant à droite avec éjecteur en étoile (comme sur le Claudin) et à ressort de Stephen Wood en 1876 et qui trouvera sa forme définitive dans l’éjecteur de notre 1892.

Mais le Claudin est indubitablement un pas en avant. Plus simple qu’un DD Levaux en tous cas même si le résultat est moins spectaculaire mécaniquement.

Le revolver Claudin est l’une de ses armes fin XIX° qui incarne selon moi l’excellence de l’artisanat de l’époque, fusionnant habilement recherche, fonctionnalité, qualité de fabrication et esthétisme.

L’arme est munie d’une détente repliable. L’ouverture du cadre à brisure (vers le haut) est commandée par une petite pédale placée dans le prolongement de la carcasse juste sous la tige d’extracteur et qu’il faut presser vers le haut aussi. Le tout pivote vers le haut grâce à une petite charnière située en haut de carcasse au niveau de la tête de chien quasiment.

Simple et double action en plus, notre Claudin est bien plus sûr que la plupart des systèmes équivalents de l’époque. Le cran de demi armé est assuré par une pièce venant s’intercaler entre carcasse et chien quand se dernier est tiré en position de 1er cran.

Pour éviter un glissement intempestif de barillet de long de cet axe d’extraction après ouverture de l’arme, Claudin a placé un ressort à gauche de la console qui retient le barillet en position fixe lors des opérations de chargement/déchargement. C’est bien plus sain qu’un barillet mobile longitudinalement qui se balade sur un axe sans jamais garantir totalement un ajustement parfait une fois remis en position. Pas mal pensé notre Claudin.

Bref un vrai et peu courant revolver à système de cette époque folle d’innovation armurière.

Au plan des finitions rien à redire non plus. Notre revolver Claudin présenté ici se distingue par son excellent état général.

Malgré le passage du temps, cette pièce demeure dans un état que je qualifierai de plutôt très bon à excellent, préservant son charme d’antan et témoignant de sa qualité de sa fabrication.

Au passage, j’ai trouvé des références de cette arme en calibre 7mm (mais pas sûr en fait!) et très certainement en 8mm. Et ça on revanche j’en suis sûr à cause d’autre chose. Mais en en 5,5 long / 22LR que nenni. Nulle part. Si quelqu’un a des références à me passer sur l’arme en 22LR, mon formulaire de contact lui est grand ouvert.

Les Claudin sont rares en 8mm et clairement rarissimes en 22LR qu’il chambre sans problème. Une pièce de grand choix pour un collectionneur d’armes XIXème à système.

Pour quoi suis-je sûr pour le calibre 8mm?

D’abord j’en ai déjà vu et ensuite …. il est paradoxalement célèbre sans le savoir ! Car il a fait l’Histoire le Claudin en 8mm.

C’est en effet un exemplaire quasi identique au notre mais en calibre 8mm du revolver Claudin qui joua un rôle crucial dans un événement tragique impliquant Léon Gambetta, éminent homme d’État de la Troisième République.

Comme Napoléon III et pas mal d’hommes politiques de la III°, Gambetta aimait bien le beau sexe et n’en faisait pas mystère. Homme politique en vue, héros de 1870 et candidat possible à la Présidence de la République, le beau sexe ne lui refusait pas grand chose non plus. Au-delà de cela, dans ces époques encore viriles, Gambetta était un grand amateur d’armes et véritablement tireur de niveau compétition (comme encore Clemenceau et bien d’autres célébrités politiques de l’époque). Et c’était un client de notre armurier Claudin. Ces deux passions conjuguées vont, accidentellement, lui coûter cher.

Le 27 novembre 1882, Léon Gambetta reçoit à déjeuner dans sa propriété de Ville-d’Avray son médecin, le Dr Fieuzal, et une de ses innombrables maitresses, Léonie Léon. Gambetta est un peu excité et pressé de finir le repas.

Pas tant pour profiter des charmes de la sémillante Léonie cette fois, mais bien plutôt pour tester dès que possible une superbe paire de revolvers Claudin en 8mm que vient de lui offrir l’armurier parisien, certain que les retours satisfaits du grand homme sur son arme serviront ses affaires. Gambetta joue continuellement à table avec l’un des deux révolvers tout en papotant avec ses invités.

Que c’est il passé ensuite ?

Fieuzal quitte les lieu et le drame se jouera entre Léonie et Léon. Longtemps, on dira qu’une dispute entre amants a mal tournée. Et c’est fort possible aussi. Version 1, Léonie aurait menacé de se suicider en braquant l’arme vers elle. Léon, voulant la désarmer, aurait fait partir le coup. Version 2, un peu énervée et jalouse, elle a tiré sur Gambetta qui, grand seigneur et gentleman, ne l’a pas accusée pour une blessure supposée légère au départ. Version 3, Léon aurait fait une erreur de manipulation sur cette arme inconnue de lui, en pressant accidentellement la détente après avoir remis le canon en place, arme tournée vers lui ou pas loin. Ce sera la version officielle et elle est peut-être la bonne aussi. On ne saura jamais.

Mais l’affaire n’en reste pas là.

La balle a traversé la paume de la main droite sous le pouce et est venue se loger dans l’avant bras. Elle en est ressortie avec des trous de l’ordre d’une pièce de 20 centimes et une distance de 13cm entre les orifices d’entrée et de sortie. Gambetta saigne abondamment mais ses médecins sont formels: la balle est ressortie, la blessure est propre, tout devrait bien se passer.

Maintenu en position allongé le temps de sa guérison, Gambetta va toutefois rapidement développer les troubles digestifs importants qui l’avaient obligé à consulter en Suisse quelques années auparavant. La fièvre s’y met et la situation s’aggrave sérieusement dès le 8 décembre et conduisent à son décès par infection généralisée le 31 décembre. Gambetta ne sera jamais Président de la République qu’il avait en partie fondée.

Rappelons que les blessures par balles en plomb mou nu et graissées à la graisse animale, outre leurs dégâts importants par effet dum-dum, ont souvent entrainé aussi de violentes infections dont les blessés militaires du XIX siècle, sans doute moins bien soignés que l’illustre tribun en plus, furent massivement victimes. Il y a peut-être eu un lien d’infection entre la blessure et les prédispositions médicales de Léon Gambetta aux infections digestives.

Bref, à cause de cet événement aussi, Maître Flingus est donc bien sûr qu’il y a bien eu un Claudin en 8mm :-)). Mais il ne semble néanmoins pas que cet incident ait favorisé les vente de l’arme de Ferdinand Claudin. Au contraire. Car elle est restée très rare…

Notre arme est en TBE général avec de belles plaquettes d’ébène dont l’une a reçu un petit coup en partie supérieure qui ne nuit pas à l’état esthétique général .

L’arme est nickelé (ancien) et non chromée (moderne) et non bronzée comme les armes Claudin en 8mm le plus souvent rencontrés. Le nickelage est encore présent à 97% (juste une petite absence uniquement en barillet). Cette finition nickelée, bien entretenue, ajoute à l’élégance intemporelle de l’arme à mon sens.

Beau marquage ” Invention Claudin – Boulevard des Italiens 38 – Paris” encore lisible en dos de canon – Toutes vis en excellent état aussi.

Les mécanismes sont tous bien fonctionnels – pas de jeu en barillet – idem ouverture/fermeture du cadre – et fonctionnement sans histoire de la platine en simple/double action.

Beau canon avec de belles rayures. 

C’est du Made in France et même du made in Paris vers 1880/90 et c’est plutôt nettement mieux que la quincaillerie belge moyenne de l’époque.

Au-delà de cela, je ne suis pas sûr que ce type d’armes XIX° soient réellement faites pour tirer aujourd’hui, et j’invite mes chers clients comme d’habitude à la plus élémentaire prudence même si le fonctionnement est excellent.

Au global, une très belle arme et assez rare et même rarissime en calibre 22LR. Une première pour moi, totalement inconnue au bataillon.

Une telle conservation remarquable confirme non seulement la maîtrise artisanale de Ferdinand Claudin mais souligne également la durabilité inhérente à ces œuvres d’art mécaniques de cette fin du XIX° si inventive. Notre revolver Claudin est donc une arme rare pour un collectionneur averti qui raconte à tous les amateurs d’armes autant la vie politique agitée et les mœurs du XIX° finissant que l’éclat de l’ingéniosité armurière française de cette époque. Très belle pièce.

 

Arme de catégorie D e)  au CSI: CNI ou passeport en cours de validité obligatoire.

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