Description

Maître Flingus avoue benoîtement sa joie – et sa perplexité aussi.

Sa joie d’ajouter une pièce rarissime et splendide à son onirique musée personnel, celui des armes rares qu’il a eût la chance d’avoir entre les mains et aussi sa perplexité devant une bête d’exception, par son état en plus, mais qui ne livrera jamais tous ses mystères.

Car quand j’ai acheté cette très belle arme, intégralement mono-matricule, et assurément du système Kropatschek, je flairais une pièce rare de la lointaine et bien difficilement cartographiée Galaxie Kropa mais sans réellement savoir ce que j’achetais. C’est assez rare et je n’aime pas ça. Mais l’instinct me poussait.

Cette galaxie Kropa, comme la galaxie Mannlicher, on croit les connaitre mais elles réservent toujours d’immanquables surprises tant elle ont connues de sur-réalistes variantes, souvent aussi fort peu documentées que produites. Surtout à celui qui « croit connaître ». La connaissance, les amis, c’est relatif et compliqué.

Bref  je savais qu’il y avait dans le sac un beau chat domestique inscrit au LOFAMADA1918(Livre des Origines Françaises des Armes Militaires Austro-hongroises Disparues Avant 1918) mais sans savoir si le matou était un superbe mais assez répertorié persan du Tyrol pure race engagé dans la Marine de l’Adriatique ou bien un Chartreux de compétition subrepticement rengagé dans la Gendarmerie de Bosnie-Herzegovine.

C’est ça les Kropatschek d’avant 1918. Il était bien compliqué l’Empire du très moyen François-Joseph 1er. Y compris pour ses armes.

J’en avais entendu parler mais je ne l’avais jamais vu ce rarissime 1881. Et il reste même un ultime doute sur sa destination finale. On va y revenir…

Je vous ai fait ici une brève histoire de l’excellent et très exporté (ce qui ne simplifie pas les choses) système d’alimentation à auget inventé par ce bon Baron Kropatschek. L’arme de ce jour me pousse à la compléter un peu même si la documentation (j’ai cherché en 3 langues!) est assez indigente sur le sujet.

C’est en 1874 que le système Kropatschek est finalisé et vainqueur de son concours de sélection. Un inexplicable (Bêtise ? Corruption?) aller retour par le fusil Werndl-Holub 1873, bien moins moderne que notre Kropatschek, fait néanmoins que les première armes adoptées dans ce système par l’Autriche-Hongrie ne seront fabriquées qu’en 1881. 7 ans après… Avec notre arme d’ailleurs.

Je rappelle que le Kropatschek 1878 de notre Marine, premier succès de Kropatschek (mais à l’export) et qui a sans doute poussé les austro-hongrois à revenir sur la décision de 1873 en faveur du Werndl-Holub, possède une culasse de système Gras et non une culasse type Mauser 1871 comme les Kropatschek austro-hongrois. Ce n’est donc pas un Kropatschek austro-hongrois. Le seul point commun entre les deux armes, c’est uniquement le système d’alimentation Kropatschek à auget. Le même que sur notre lebel national d’ailleurs aussi.

Ces armes du système Kropatschek 1881 sont donc bien les toutes premières du système Kropatschek dans son Empire natal. Et notre carabine est même la toute toute première arme austro hongroise système Kropatschek de l’Histoire puisqu’elle a été sélectionnée par une Commission militaire en 1874. Ses descendants les plus célèbres et emblématiques seront le Mauser 1871/84 en Allemagne, le fusil 1884 Français, les 1886 portugais, les Murata japonais 1889 et sa carabine 1894… Bref, pas rien.

Le système « autrichien » originel 1881, celui de notre carabine de ce jour comprend au moins deux armes et…  peut-être trois. L’histoire de ces tout premiers Kropa peut se résumer à gros traits comme suit.

Déjà en 1873-1875, 470 armes (en 20+40+410 sur 3 tests quand même, dont un en unité au sein du 21 Bataillon de Chasseurs) avaient montré la supériorité du système Kropatschek et conduit néanmoins au choix du… dépassé  Werndl-Holub 1873.

En 1876, c’est à la demande de la Marine austro-hongroise, peu convaincue par la puissance de feu de ses M1867/77 Werndl et M1873/77, que sont repris les essais du système Kropatschek. Et l’arme est déclarée bonne pour le service de Marine en 1876 aussi sous réserve d’amélioration mineures. Il s’agit d’un fusil en 8 coups. Et néanmoins il ne se passe toujours rien…

In fine c’est en 1881 que sont fabriqués et distribués en unités les premier Kropatschek réglementaires autrichiens, celui-là même des essais de 1876-1881, mais dans une version carabine à six coups. C’est notre arme de ce jour.  Une arme de Gendarmerie pour la plupart. Mais on va voir que c’est peut-être un peu plus compliqué que cela.

Deux ans plus tard, en 1883, la Marine se réveille à nouveau et adopte notre 1881 mais cette fois-ci en version longue fusil à 8 coups (toujours son histoire de puissance de feu à la Marine Impériale d’Autriche-Hongrie). Produite probablement à partir de 1885/86, cette arme-là est sans doute encore bien plus rare car elle a équipé les équipages de Navires Torpilleurs (Torpedoboot-Einheiten) de la flotte de l’Adriatique sous la dénomination de « Kropatschek Torpedo Boats Gewehr M1893 ».

Il s’agit en fait d’une conversion / modification des armes 1881. En plus, ils sont remplacés dès 1890 par des armes du système Mannlicher. Quelques centaines d’armes tout au plus. Quoique j’ai repéré un ultime commande en 1885 sans avoir le nombre commandé/livré. Ils sont ensuite reversés au microscopique corps de la Gendarmerie Navale Impériale. Une autre rareté à coup sûr de toutes façons.

Revenons à notre carabine. Elle est rare aussi ne l’a voit jamais ou presque. Quelques exemplaires dans les reste de l’Empire (vu une à l’Arsenal de Vienne – dont je recommande chaudement la visite – mais rien au Musée de la Honvèd de Budapest où j’ai souvent trainé mes pantoufles – les guêtres c’était quand j’étais jeune) et quelques unes aux USA aussi où des connaisseurs (il y a en a beaucoup là-bas et ils ont les moyens de nous faire parler ou plutôt vendre) en ont importés quelques unes.

Certains sites parlent de 4.000 exemplaires. Je pense que c’est faux. Et je situe la production plutôt vers les 10/12.000.

Car 4.000, après recherches, c’était juste la première commande de 1881 pour la seule Gendarmerie Hongroise. Mais d’où sa dénomination fréquente de Carabine de Gendarmerie Hongroise Modèle 1881 (M1881 Gendarmerie-Repetierkarabiner) ou souvent même Carabine Kropatschek 1874/1881 (année d’adoption du système / année de première commande; une dénomination de collectionneurs).

Mais cette arme a vu son destin s’élargir un peu car, en mars 1882, il y a eu une seconde commande (au moins) du ministère des armées austro hongroises qui indiquait que les gendarmeries de tous les pays de l’Empire représentés au Reichsrath (le parlement d’Empire avant 1918) en seraient équipées. Mais la commande invoquait aussi les « Extra Korps » (donc pas seulement les gendarmeries). On sait qu’il en a été livrées (combien?) à la Gendarmerie de Bosnie Herzégovine. Les autres gendarmerie d’Empire ou corps, je sais pas.

Autant d’éléments qui me font penser que l’arme, même très rare aujourd’hui, a été produite à plus de 4.000 exemplaires d’autant plus que j’en ai repérée une avec des numéros bien plus importants dans les 7000 (comme la mienne d’ailleurs). Un site hongrois indique lui 12.200 armes produites. On est sans doute plus proche de ça effectivement.

L’arme a d’ailleurs servie assez longtemps puisqu’elle n’a été remplacée dans la gendarmerie Hongroise qu’à partir de 1897 (ailleurs je ne sais pas) par la carabine 1895.  On sait aussi que des surplus des carabines 1881 définitivement retirées du service ont été vendues par les domaines en 1910. Ce qui n’empêche pas qu’on en voit jamais ou presque.

Les calibres maintenant. L’arme semblent avoir mutée sur la période 1881 -1895 et elle a été fabriquée en 2 calibres. Elle fut d’abord produite en 11.15x42R qui équipait à l’origine les Werndl-Holub puis, par la plus puissante 11x58R – la mienne étant d’un numéro assez tardif je la suppose en calibre 11x58R mais seul un moulage de chambre que je n’ai pas le loisir de faire le confirmerait. Je la vends donc sans précision de calibre.

On l’aura compris ces Kropatschek sont passionnantes mais prétendre tout savoir de leur histoire tient aujourd’hui de la forfanterie ! C’est d’ailleurs ce qui fait l’intérêt de ces armes très rares et de splendide fabrication. Les toutes premières de leur systèmes. Elle est rarissime aux dires des collectionneurs américains.

 

Maître Flingus est donc fier de vous présenter donc une très belle et rarissime carabine de Gendarmerie 1881 du système Kropatschek à nettoyer mais en superbe état.

De Gendarmerie ? Oui car l’arme est « text book » pour le peu de documentation disponible (taille, bois, longueur de canon, capacité, tous autres traits particuliers au modèle) et 100% conforme en tout. Sauf un petit détail : l’anneau de pontet. Il est de forme très particulière. Un petit ajout ultérieur ?

Je ne le crois pas du tout.

Cet anneau est conforme à celui de grenadière, du même métal et fixé à un pontet avec des vis restées au numéro. Mieux, le pontet spécial portant l’anneau est au numéro de l’arme et dans le même beau bronzage bleu que le reste… L’anneau lui-même est, en prime, fixé dans le di-pontet avec la même vis de traverse parfaitement ajustée qu’en grenadière. On achèvera le sujet en indiquant qu’il n’y a aucune modification (enture) indiquant une suppression d’un possible anneau de crosse antérieur. Aucun remplacement donc. Elle est née comme cela.

C’est 100 % une fabrication d’origine d’arsenal et pas une modification (même d’arsenal). Peut-être sur les dernières sorties vu son numéro élevé. Un ami collectionneur hongrois penche lui pour une arme affectée aux gardes frontières-hongrois qui ont bénéficié de cet anneau de pontet sur d’autres types d’armes postérieurement à 1881.

Encore une fois les mentions officielles des commandes ultérieures à 1881 décrivent cette carabine comme « Extra Korps ». Peut-être est-ce donc effectivement une carabine attribuée aux troupes de la défense des frontières ou à une autre unité encore ? Faute de preuve, je la vends comme carabine de Gendarmerie 1881 mais elle est sans doute encore plus rare que les déjà rarissimes exemplaires de Gendarmerie qui n’ont pas cet anneau de pontet au numéro. Avis aux amateurs éclairés.

Car pour le reste elle est bien 100% conforme au modèle de gendarmerie de 1881: longueur à 1040 mm, culasse conforme, bois, embouchoir, plaque de crosse à logement, type des rayures,…

L’arme est superbe. Avec de légères oxydation de surface sauf en plaque de couche,un peu plus piqué, avec son logement d’outillage. C’est très exagéré par mes gros plans celle plaque de couche mais encore très belle avec ses numéro et poinçon bien visibles donc plus que très présentable. D’ailleurs, le logement d’outillages inséré en plaque de couche fonctionne parfaitement. Je l’ai manipulé sans difficulté.

Ailleurs sur l’arme, la fleur de rouille est si fine qu’elle partira pour l’essentiel avec un peu d’huile de coude, de WD 40 et de paille 0000 sans affecter le moindre marquage ou poinçon.Un peu de peau d’orange en extérieur de canon (intérieur superbe) mais moins que certaines de mes photos toujours en gros plan pourraient le laisser penser.Aucune peu d’orange ailleurs.

Elle conserve en outre son magnifique bronzage bleuté d’origine à 85% au moins. Les parties mécaniques n’étaient jamais bronzées sur ces modèles 1881 et 1883 (le 1883 c’est le fusil de Marine des vedettes-torpilles comme expliqué plus haut).

Cette superbe carabine a juste besoin d’un nettoyage intégral et soigneux. De belle, l’arme en deviendra très belle. Garantie Maître Flingus.

Le noyer blond des bois est très bien conservé en dépit de traces de manipulations – ni enture ni fente ni manque. Très beaux bois dans lesquels tous les (très beaux) poinçons d’inspection sont tous bien nets et lisibles. Ils portent bien aussi la gorge supérieure de fût propre au modèle 1881. Très beau travail de bois au passage.

C’est rare de voir des bois en si bon état sur des armes de plus de 140 ans.

L’arme est en en outre intégralement mono-matricule (presque à l’allemande d’avant 1914 si je puis dire i.e. jusque sur les vis).

Le numéro matricule complet est bien visible partout en drapeau de sureté, sur toutes les pièces de la culasse mobile, en chambre, en canon, en plaque de couche, en grenadière, en embouchoir et même en bouchon de magasin!

Le numéro terminal à deux chiffres orne les principales vis – les autres sont muettes.

Toutes les pièces mécaniques portent à coté du numéro ou hors numéro le « K » d’inspection pour « Kontrol ». Les garnitures aussi. Arme 100% d’arsenal.

La présence en chambre des armes de la Hongrie indique une arme affectée à cette partie de l’Empire et exclue une attribution à la Bosnie Herzegovine, l’autre partie de l’Empire potentiellement récipiendaire de ces armes.

Mécaniquement l’arme est également très belle. A nettoyer mais véritablement très belle. Avec une culasse au fonctionnement irréprochable, des ressorts bien fermes et une percussion comme au premier jour. Le drapeau de sécurité (numéroté aussi) fonctionne également impeccablement.

Son canon est aussi impeccable – véritablement miroir et sans oxydation avec de belles rayures. Superbe. Elle a peu servie.

A nettoyer mais une arme de musée d’une insigne rareté.

 

In fine la toute première arme originelle du système Kropatshek en Autriche-Hongrie, son pays d’origine, 100% d’origine dans toutes ses pièces, en excellent état à la fois extérieur, canon et mécanique. Et surtout une pièce rarissime pour un collectionneur d’armes réglementaires européennes à poudre noire du XIX° siècle. Pièce probablement unique ou presque dans cette version à anneau de pontet.

 

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M1881 Gendarmerie-Repetierkarabiner

Repetier-Karabiner fur Königlich Ungarnische Landesvertheidigun

Fruwirth rifles M1881 Extra-Corps Rifle Gendarmerie Borders guards Hungary

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Arme de catégorie D au CSI : pièce d’identité, CNI ou passeport,  en cours de validité obligatoire

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