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Vendu !
Splendide et très rare fusil de précision FR-F1 type A – Calibre d’origine 7,5×54 MAS – Lunette APX 806 N°3 ( la bonne !) – Canon miroir avec tout son potentiel – 2 chargeurs à talon caoutchouc (les bons aussi !) – Superbe Etat – Arme magnifique et clou d’une collection de réglementaire français – TBE++
Armes Longues de catégorie CTrès beau et très rare fusil de précision FR-F1 type A – Arme réglementaire de l’armée française dans son premier calibre d’origine 7,5×54 MAS (de 1966 à 1984) – Lunette APX 806 N°3 propre au modèle 7,5 MAS – Montage lunette conforme et numéroté – Toutes pièces d’origine FR-F1 avec culasse et boitier au numéro – Arme de 1969 – Canon miroir avec tout son potentiel – 2 chargeurs à talon caoutchouc avec pochettes de port en ceinture – Accessoires, outils, documentation – Superbe État – Arme magnifique, d’une insigne rareté et clou d’une collection de réglementaires français.
Description
Raconter le FR-F1, c’est pas facile.
Car c’est aussi faire l’histoire du tir de précision militaire de combat en France, le “sniping” comme on dit outre-atlantique (c’est quand même bien plus précis en français car les militaires font aussi souvent du “sniping” de compétition, le FR-F1 en est, d’ailleurs, la preuve à lui tout seul car sa variante de compétition militaire existe).
Alors, pour vous la faire à la Céline, ça a commencé comme ça.
Dès début 1915, français, allemands et anglais commencent à installer des lunettes sur des Lebel, des Gewehr 98 ou des Lee Enfield MKIII. C’est une pratique nécessaire et meurtrière.
Bloqués dans les tranchées pendant des semaines d’observation, la troupe prendra, dans le sang, l’habitude de pas trop sortir la tête du parapet au même endroit ou de ne plus allumer une cigarette la nuit venue à un poste d’observation non défilé.
Et leurs officiers de tous les camps, eux, orgueil de caste ravalé, cacheront rapidement toute bande dorée, patte d’épaule rutilante ou grade de képi qui pourraient révéler à des yeux malins leurs fonctions essentielles…
La guerre changeait de nature. Elle mettait fin à des siècles de tradition dans les tenues aussi. Et le tir de précision militaire fut un facteur de cette transformation sur laquelle rien n’est revenu.
Ici me vient en mémoire un des récits les plus hallucinants qu’on puise lire sur le tir de précision lors de la première guerre mondiale.
Dans “Les Éparges”, le lieutenant Maurice Genevoix raconte ce 25 avril 1915 où, dans le calme total de la journée, une balle lui traverse soudainement le bras gauche. Il tombe à genou et regarde, hébété, le sang couler de son bras.
Quelques petites secondes plus tard, son bras tressaute à nouveau au choc d’une seconde balle…
A genou, foudroyé par la douleur et le choc, mais conscient, sa tête se penche vers le bas. Il regarde son corps.
Les sens comme hyper éveillés par le choc subi, il entend distinctement le bruit caractéristique d’une culasse de fusil qui réarme…
La troisième balle arrive et, sonné, rien à faire pour l’éviter. Juste le temps de réaliser ce qui est en train d’arriver. Une seconde à peine. Qui pèse lourd.
Et là, une troisième balle fait sauter sous ses yeux un pan de sa vareuse en le frappant en pleine poitrine. Travail d’un sniper allemand.
Le récit de ces instants et de son irréelle évacuation par ses camarades traumatisés par la scène qu’ils viennent de voir constitue l’un des témoignages les plus forts sur cette guerre et un tour de force littéraire d’une qualité exceptionnelle.
Et c’est aussi un témoignage in vivo de la redoutable efficacité du sniping dès 14-18.
Ce lieutenant grand blessé, qui fera 7 mois d’hôpital et ne retrouvera jamais l’usage de sa main gauche, finira Secrétaire Perpétuel de l’Académie Française et panthéonisé. Alors que tout aurait du s’arrêter là, dans l’anonymat de milliers de croix de bois. La vie fait parfois des détours.
Comme souvent chez les allemands, on organise et on professionnalise. Dès fin 1914, au début, ce sont des officiers, nobles à 90%, grand chasseurs de gros à la carabine devant l’éternel dans leurs terres de Silésie ou de Bavière qui se spécialisent dans cette chasse un peu particulière. Souvent avec leur magnifique carabine de chasse au cerf ramenée de permission ou livrée par un valet mandaté pour ce faire ! Dans quelques mois, c’est l’aviation qui canalisera leurs pulsions d’exploits chevaleresques à la teutonne.
L’Allemagne organisera dès fin 1915 des cours spécialisés pour les meilleurs tireurs et l’état-major réquisitionne illico toutes les lunettes disponibles chez les commerçants.
Elle produira un modèle de lunette spéciale pour le réglementaire Gewehr 98 fabriqué chez Zeiss, dès début 1916 (pour les collectionneurs: ces lunettes sont toujours au numéro du fusil – car ces armes sélectionnées sont affectées à un tireur nominativement).
Mais la plupart de leurs fusils réglementaires G98 de l’époque des débuts héroïques sont néanmoins ornés de leurs excellentes, et courantes chez eux, lunettes de chasse (marques Goerz, Zeiss, Hensoldt ou Voigtländer) fixées sur crochets par les armuriers régimentaires.
Anglais et français, moins férus avant guerre de tir de chasse à la lunette, ayant moins de traditions dans l’optique, suivront avec un peu de retard et en moindre nombre. Mais dès 1916 la France adopte la lunette modèle 1916 pour le Lebel rapidement remplacée par la fameuse APX (pour une fabrication des Ateliers de Puteaux) modèle 1917 qui s’adapte aussi sur le Berthier 1915; des lunettes en grossissement 3 pour des tirs entre 80 et 800 mètres (le modèle 1921 est indiqué à 1200 mètres au maximum).
Contrairement à l’armée allemande, l’arme n’est pas affectée à un tireur particulier. C’est au chef de section qu’il appartient de désigner “ses” tireurs d’élite. D’abord distribuée à raison d’une arme par compagnie, on finira par distribuer une arme avec lunette APX par section.
Mais l’arme change de mains à chaque relève de section et les réglages de la lunette ne sont pas personnalisés. Les plus malins les refont eux-mêmes au fur et à mesure des combats. Personne n’étant responsable d’une arme en particulier, cela semble aussi avoir nuit à leur entretien.
Néanmoins cela reste des armes redoutables : un Lebel à lunette, chambré en balle « D » 1898 est très efficace jusque 800 m. Lors de la bataille de Verdun, nos tireurs d’élite feront des ravages dans les unités de lance-flammes allemandes lancés à l’assaut des forts et ouvrages de la RFV (Région Fortifiée de Verdun).
Mais aucune des nations en guerre ne développera de fusil spécifique pour ce jeu très particulier, chacun se contentant d’équiper en optique ce qu’il a comme fusil de ligne.
Toutefois les anglais auront une tendance à équiper leur sniper avec le fusil canadien Ross MK II, arme un peu fragile pour le combat de tranchée mais d’une redoutable précision supérieure au Enfield à 400 mètres et plus. Les américains feront de même avec leur Springfield 1903.
Il en sera en gros de même pendant la seconde guerre mondiale: des armes “normales” de ligne, parfois spécialement sélectionnées en arsenal (cas des Mosin soviétiques), parfois semi auto (SVT40 et G43 surtout) mais équipées de lunettes militaires ad hoc (sur des fusils standards Mosin Nagant, K98, Spingfield, Lee….).
Mais mettre une lunette sur une arme réglementaire ne la transforme néanmoins pas en fusil de précision comme par magie.
Il faut attendre en fait 1964 pour qu’un véritable fusil français militaire de précision soit mis à l’étude à l’initiative du Général Ailleret (personnage qui vaut la lecture de sa biographie wiki comme son frère d’ailleurs – le type de français qui nous manquent aujourd’hui).
L’arme est adoptée le 5 mars 1965. Les premières sont livrées à nos armées début 1966.
C’est notre FR-F1 de ce jour, notre première arme spécialisée en la matière, celle qui a définitivement mis fin au bricolage, pratiqué dans toutes les armées, et visant à transformer l’arme règlementaire standard en fusil de précision.
Le FR-F1 a été développé avec beaucoup de bon sens et de prudence ce qui explique sans doute ses illustres qualités. Qu’il soit ici rendu hommage à l’Ingénieur de l’Armement Tellié, son concepteur.
Conscient du manque d’expérience du GIAT dans la construction de telles armes, on prend d’abord largement conseil auprès des compétences de la Manufacture d’Armes de Saint-Étienne, à qui seront d’ailleurs confiées les études préliminaires, mais aussi auprès de tireurs sportifs spécialisé en Tir Longue Distance ou encore des sections militaires de tir ou de la Fédération française de tir.
Il en résulte un choix heureux qui a surtout consisté à limiter ses ambitions (tir de distance à 600 mètres pour une arme qui peut potentiellement se retrouver dans les mains d’un appelé du contingent) et à repartir de l’architecture éprouvée, fiable et très précise du MAS modèle 1936 (un des chouchous de Maître Flingus) et notamment de son excellente culasse (plus large pour le FR-F1 – elles ne sont pas interchangeables).
Il serait néanmoins exagéré de dire, comme certains l’ont fait parfois, que le FR-F1 n’est qu’un MAS 36 “gonflé”.
De la longueur du canon au pas de rayure, de la taille de la culasse en passant par celle du boitier, de la détente réglable à la capacité, tout est différent ou presque. Mais l’architecture technique est la même et nombre de pièces sont interchangeables avec le MAS36 ce qui est parfois bien utile.
C’est important de le dire car des confusions sont parfois faites entre le FR-F1 (et son successeur FR-F2) et le FR-G2, fusil de précision de l’Armée de l’Air qui lui est véritablement un dérivé direct du MAS 36. Sans compter les nombreux bricolages tirés de Mas 36 qui sont régulièrement proposés à la vente ici ou là.
Le FR-F1 est vraiment pensé pour la précision de combat et l’utilisateur, appui-feu de précision de la section.
L’arme se distingue par une crosse novatrice, à poignée pistolet, et ajustable par un jeu de cales faciles à monter pour adapter sa longueur à la morphologie du tireur. La crosse est complétée d’un appui-joue “de série”. Des nouveautés dans nos armées.
Cette crosse, fort pratique et agréable comparée aux modèles réglementaires plus anciens, portera le seul léger défaut de cette arme rustique et solide.
Des cas de casse en extrémité de crosse ont été signalés car l’axe de maintien de la vis de plaque de couche qui traverse la crosse de part en part est très large et proche de la plaque de couche elle-même laissant peu de bois dans l’espace entre cet axe et la plaque de couche. La chute violente de l’arme directement sur la plaque de couche (ou lors d’un ” Reposez armes!” par trop enthousiaste) pouvait provoquer une rupture du bois dans cet espace. Cela a même fait l’objet d’une Directive du Matériel dès 1969 (DM n°50085 du 22.12.1969) et le système de fixation de la plaque de couche sera changé sur le FR-F2. Ça explique quelques uns des remplacements de bois sur FR-F1
Un excellent et robuste bipied métallique non pendulaire (il le deviendra sur son successeur FR-F2), relevable et à jambes extensibles, complète le tout pour les garnitures permettant ces longues phases d’observation qui font partie du jeu du chat et de la souris propres au tir de précision et, ce, sans fatigue excessive du bras.
Un canon spécialement dédié est créé. Son mode vibratoire a été particulièrement soigné. Il n’est pas totalement flottant mais très régulier. Il fait 600 millimètres de long et est à quatre rayures à droite au pas de 300mm. La balle fait donc deux tours complet dans l’âme avant dans sortir, gage d’une excellente qualité de précision.
A propos de balles, les essais très longs et très poussés du FR-F1 (même la 7,5 suisse fut testée) furent un cauchemar de tests répétés et de choix de munitions/projectiles avec la 7,62 Otan surtout (notre 308 Win des clubs) avant d’en rester in fine au calibre 7,5×54 Mas (témoignage, au passage, des qualités de tir du Mas 36 et de sa cartouche la 7,5 MAS Mdle 1929 C).
Il est certain que notre FR-F1 peut tirer n’importe quelle 7,5 MAS du commerce (les PPU par exemple) mais les lots de 7,5 MAS affectés à ces armes étaient bel et bien tirés de lots au cahier des charges spécifiques.
Ces boites sont toutes marquées ” à balle ordinaire pour fusil de haute précision” ou ” pour fusil de précision” ou mentionnant le “modèle FR-F1”. Il en sera de même quand ces armes seront re chambrées au calibre Otan 7,62×51.
Conclusion? On ne tirera la substantifique moelle de cette arme qu’en rechargeant pour ceux qui voudront l’utiliser régulièrement au tir de précision ou en compétition.
Le dit canon comporte en bouche un manchon cache-flamme, d’ailleurs réglable, qui absorbe aussi les vibrations de sortie de bouche. A ce titre, il faut signaler que les longues études de mise au point de l’arme ont montré que si son utilité comme cache-flamme était certaine, cet accessoire ne présentait pas d’amélioration sensible de précision à courte et moyenne distance (jusque 400 mètres).
En revanche, à des distances plus grandes, il devient plus utile car ce manchon régule les oscillations en reproduisant des oscillations proches les unes des autres d’une cartouche à la suivante et ce, en dépit des inévitables différences de vitesse initiale entre des cartouches issues d’un même lot (souvent 3m/s et plus sur des lots de munitions certes industrielles mais pourtant sélectionnées avec grand soin).
Autre différence avec le Mas 36, l’arme a une capacité de 10 cartouches et non plus de cinq. Mais raffinement supplémentaire, son chargeur-métallique (la lame-chargeur est abandonnée) possède un talon caoutchouc qui permet de poser de l’arme brutalement sans gros danger pour le boîtier et surtout de ne pas faire de bruit permettant la localisation du tireur, condition essentielle pour une arme de tireur embusqué.
A noter aussi qu’il n’a pas existé de modèle réglementaire de modérateur de son pour cette arme. Quelques unités particulières ont acheté des modèles particuliers auprès de Stopson. Mais le recours à de la munition subsonique ne faisait pas partie du cahier des charges car il reste propre à certaines missions ou à un usage de police en temps de paix, les munitions subsoniques se caractérisant par une moindre portée et une moindre force de pénétration/létalité.
L’arme doit être en principe suspendue à une bretelle de portage cuir qui vient compléter l’U. C. (“unité collective” ou ensemble des accessoires gravitant autour de l’arme).
Mais les utilisateurs opérationnels lui préfèreront souvent un port à bras, doigt dans le pontet, crosse appuyée en creux de coude, façon “légion”, qui reste fortement attachée à l’imagerie de ce fusil dans le public.
Il faut quand même être un légionnaire déjà un peu “solide” car l’arme pèse, complète avec lunette mais sans chargeur, un peu moins de 5,2kg.
Bien sûr, notre fusil FR-F1 est équipée d’une lunette de visée.
Dans sa première version, cette lunette de visée est celle fabriquée par APX (Atelier de Construction de Puteaux devenue ensuite Section Technique de l’Armée de Terre). Cette première version fut dénommée Lunette APX 806 L chez le constructeur.
Cette lunette a une longue histoire.
Issue de tests menés dès l’après-guerre sur la ZF-4 allemande du K98, cette dernière ne donna pas satisfaction (aucun étonnement à avoir – la célèbre et si adulée des collectionneurs lunette ZF4 est surtout un “bricolage” destiné à transformer un K98 en fusil de “sniper” ce qu’il n’est pas par construction et qui ne peut vaguement faire le taf que jusque 300/400 mètres pour un tireur déjà très entrainé). On testa aussi vers 1950 une Swarovski type ZF-3.
Devant l’absence de fournisseurs français adéquat au début des années 50, APX mettra au point cette lunette pour les MAS44 et MAS49. Elle ornera plus tard le MAS 49/56. Adoptée en 1953, notre APX 806 L sera baptisée lunette “modèle 1953” dans nos armées ou “modèle 806” chez le constructeur.
C’est celle-là qui sera ensuite modifiée et adoptée sous la désignation “Modèle 53 bis” ou “APX806 bis” pour notre FR-F1, puis pour le FR-F2 (un Fr-F1 légèrement modifié mais en calibre 7,62 Otan ce qui change la lunette aussi). Elle est marquée “N°3”.
La lunette du FR-F1 est en millième avec une valeur de clic à 0,1 millième soit un centimètre à cent mètres. Cela simplifie aussi la vie du tireur avec des calculs très simples: 4 cm à 400 mètres, 5 centimètres à 500, etc…
Elle possède un grossissement fixe de 3,85 fois et un réticule à pointe centrale croisée par une ligne médiane interrompue qui est le même que les lunettes allemandes et russes de la seconde guerre mondiale. Le réglage de la tourelle d’élévation graduée fait varier directement la hauteur du réticule dans l’objectif.
Curiosité, la tourelle était considérée comme devant être accessible à la seconde. Elle n’est donc jamais couverte d’un protège réglage – et celui n’est donc pas “manquant” sur notre arme qui est complète.
Qu’en est il de la précision de l’arme ?
Rappelons qu’elle devait potentiellement être manœuvrée par des appelés et le fournisseur (GIAT) garantissait (très prudemment) une dispersion maximale H+L de 20 cm à 200 mètre et de 70 cm à 600 mètres.
Soyons clairs: les tirs de guerre à 600m sont quand même une rareté opérationnelle relative en conflits de haute intensité. 600 et plus, on est déjà dans le domaine des forces spéciales actuelles ultra spécialisées, ultra entrainées et ultra-équipées en matériel électronique d’acquisition et de calcul.
Et portant, et pourtant…
La précision finale du FR-F1, premier fusil de précision français rappelons le, est bien meilleure que celle garantie par le constructeur (comme ça il est bien tranquille le constructeur !) avec un H+L moyen constaté à 600 mètres (600m ce n’est déjà pas rien) sur cinq cartouches … de 20cm pour la quasi totalité des fusils !
Les amateurs fanatiques de TLD, qui régulent la concentricité de leur cartouche une par une, en utilisant des instruments de haute précision pour chaque cartouche au terme de tris ayatolesques, et que j’admire profondément (si j’avais 20 ans de moins et le temps, c’est exactement ce que je ferais comme tir) me diront à juste titre que c’est certes infiniment mieux que n’importe quel réglementaire de l’époque (et même parfois de maintenant!) mais pas non plus exceptionnel.
C’est vrai.
Mais je rappellerai que le cahier des charges visait à aligner un buste humain (50cm de coté) à 600 mètres. La promesse est donc mieux que tenue et le FR-F1, au mains d’un tireur entrainé, est une arme redoutable qui a tué beaucoup de monde en condition de combat.
Elle a indubitablement acquis le droit de concourir parmi les meilleurs armes de sniper ayant connu des engagements “sérieux”.
Car notre FR-F1 a vraiment connu le feu.
Adopté en 1965, et arrivé en unité dès 1966, il est engagé avec le 2e REP fin 1970 au Tchad avec des engagements violents contre les rebelles du Frolinat (12 tués français et 60 rebelles éliminés dans une véritable bataille rangée).
Le GIGN l’utilisera pour la première fois lors de la prise d’otages de Loyada à Djibouti en 1976: 31 gamins et gamines, enfants de militaires français, pris en otage dans un bus par des terroristes. une nouveauté à l’époque, hélas appelée à se renouveler et ce, trois ans après les attentats de Munich où l’intervention d’une police brave mais non spécialisée dans ces situations extrêmes déclencha un carnage. Le stress était donc palpable.
Après 36 heures de négociations infructueuses, le GIGN donne l’assaut. En quelques minutes, les FR-F1 parlent et le groupe parvient à tuer tous des terroristes.
Malgré la réussite de l’intervention, l’un des preneurs d’otages a la fraction de seconde lui permettant de tuer une petite fille et un autre enfant décédera à l’hôpital.
Le succès de l’intervention rend le GIGN célèbre dans le monde entier. Et elle orientera définitivement ses missions car conscience est définitivement prise qu’un nouveau monde, pas des plus ragoûtant, est né. Mais “le Groupe” sait désormais à quoi il va devoir faire face et va pouvoir désormais s’entrainer plus durement à ces situations là.
Cette intervention modifie aussi notre FR-F1 car, après Loyoda, le GIGN décide de lui adjoindre une autre lunette que l’APX 806. Ce sera une Schmidt & Bender.
Notre FR-F1 sera aussi de l’opération Lamantin en Mauritanie en 1973 avec le 13°RDP et la 11°DP.
Il sera bien sûr utilisé lors de la bataille de Kolwezi au Zaïre en mai 1978 pour libérer 2.800 otages européens où, aux mains de nos légionnaires, il fera des coupes sombres dans les rangs adverses (250 éliminés pour 5 légionnaires tués ou disparus et 25 blessés). Un légionnaire vétéran m’a raconté que des officiers avaient même du à un moment calmer un peu les tireurs FR-F1 du REP tellement ils appréciaient les qualités de tir de leurs beaux FR-F1 en conditions opérationnelles…
Exagérée ou pas, l’anecdote en dit long sur l’appréciation très favorable portée par les utilisateurs qui ont eu la chance d’utiliser de cette belle arme en action.
Le FR-F1 réalisera aussi de nécessaires et fréquentes éliminations au Liban et ailleurs dans le monde dans des opérations restées “discrètes”. La gendarmerie en fera aussi un large usage. Un guerrier notre FR-F1.
Notre arme de ce jour est un beau FR-F1 de type A.
Le FR-F1 est BEAUCOUP plus rare que le FR-F2 et vous allez voir pourquoi en dessous.
Il existe, en théorie, trois types de FR-F1:
le type “A” pour tir militaire de combat jusque 600 mètres – le type “B”, arme de compétition militaire avec un guidon match et un œilleton – ce dernier ne ressort d’ailleurs pas d’une fabrication spécifique, c’est un juste “A” sélectionnés parmi les meilleurs pour la compétition. Il existe enfin un hypothétique type “C”, sans bipied, destiné à la chasse mais qui n’a jamais vraiment vu le jour dans les errements technico-commerciaux du Giat.
Notez bien que c’est bien l’idée de cette version “C” civile de chasse qui a été reprise pour le fameux Mas Fournier, armurier spécialisé et, on le sait moins, chasseur alpin dans l’âme, sélectionné olympique pour les jeux de 1936 à Berlin et détenteur de nombreux records IUT à 300 mètres. Disons que c’est un ersatz de type “C” d’assez grande qualité néanmoins.
Le notre est bien un de ces bons Mas militaire de Type A.
Il est très en rare calibre 7,5 MAS, et c’est un des très rares derniers survivants de son espèce.
Pourquoi dire ça? Combien de FR-F1 ont-ils donc été produits? De quel calibre et que sont ils devenus?
Les errements de production et de commandes au Giat rendent difficiles une précision totale (paradoxe amusant pour une arme de précision justement!) en date voire en nombre sortis à tel ou tel moment.
Les archives indiquent que 5.150 FR-F1 ont été officiellement commandés par la Direction du Matériel et que leur production s’est arrêtée en 1973. 50 armes encore ont été montées à partir de pièces disponibles en 1976 et, peut-être encore, quelques armes en 1986.
Ça nous fait, au grand maximum, peut-être 5.300 armes FR-F1 en étant optimiste. C’est déjà peu en soi.
On sait aussi que, en tout, 7.500 FR-F1 et son successeur FR-F2 ont été produits. Jusque quand pour les F2? Et ben, je sais pas.
Mais là, ça se complique encore plus parce que l’essentiel des FR-F2 sont en fait des FR-F1 modifiés à divers moments par la Manufacture d’armes de Saint-Étienne avec des boîtiers re fraisés puis re gravés au nom du nouveau modèle et dans leur numéro d’origine.
Les modifications essentielles du FR-F2 sont un nouveau manchon thermique avec une nouvelle ligne de visée et surtout un nouveau canon en 7,62 Otan. Ces FR-F1 là ont donc “naturellement disparus” par reconversion au modèle F2.
Nos, peut-être 5.300 F1 en calibre 7,5 MAS d’origine auront donc connu de nombreux affres qui resserrent le nombre de FR-F1 encore survivants.
D’abord 3.500 environ ont été mis au standard Otan 7,62 en 1986 et 1987. Il s’agit pour l’essentiel de ces FR-F1 transformés FR-F2.
Outre ces FR-F1 transformés en FR-F2 après 1986 et 1987 il y a eu aussi des FR-F1 restés FR-F1 mais re-canonnés 7,62 Otan quand ce calibre a définitivement supplanté la 7,5 MAS au milieu et fin des années 80 aussi.
Le FR-F1 a bel et bien été utilisé tel quel dans nos armées, y compris en Gendarmerie, sans être F2, et dans ces deux calibres 7,5 MAS et 7,62 Otan.
A titre accessoire, on signalera que si l’essentiel des FR-F1 est allé à l’Armée de Terre qui l’avait commandé, la Gendarmerie reçu 130 FR-F1 (dans les deux calibres 7,5 MAS et 7,62 Otan), l’Armée de l’Air 250 et la Marine 50. D’autres aussi sont allés se balader à l’étranger ou au Ministère de l’Intérieur. Ce qui nous vaut surement quelques uns de ces survivants en calibre d’origine.
Je ne sais pas combien sont allés au GIGN et s’ils sont déjà inclus dans les 130 partis en Gendarmerie (probable) mais je doute qu’il s’agisse de plus de quelques dizaines d’armes au plus.
Sur les, peut-être, 2000/2500 armes subsistantes de la transformation au standard F2, beaucoup ont été ensuite détruites dans les holocaustes Jospin et Villepin des années 97 à 2009. Rendez vous compte: dans l’Est de la France on a même vu de rarissimes FR-F1 “B” de compétition militaire pilonnés alors qu’ils était NEUFS.
Maître Flingus en pleure à gros bouillons en y pensant.
Il restait déjà donc très peu d’armes FR-F1 en 7,54 MAS ayant survécus à tout ça.
Le coup de grâce est venue de l’ancienne législation quand un petit reste de FR-F1, fait bien connus des collectionneurs, a miraculeusement été sauvé de la destruction pour finir chez l’armurier Dupuy qui, contraint par la loi sur “les calibres de guerre”, a du les transformer en calibre 7-08 Remington, bon calibre au demeurant, avant de les revendre au public.
Ceux-là sont les rares qu’on voit de temps à autres sur le marché. Mais ils ne sont plus au calibre d’origine ni MAS 7,5 ni 7,62 Otan…
Bref un MAS FR-F1, d’avant les années 86/87 et le calibre Otan, en calibre 7,5 Mas d’origine non rechambré en 7-08 et avec sa bonne lunette du modèle est très rare. On trouve bien plus facilement un FR-F2 en 7,62 Otan. Une des armes réglementaires françaises les plus difficiles à trouver qui soient. C’est bien le cas du notre.
De quand date-il notre FR-F1?
C’est là que le “binz” des numérotations, fabrications et transformations du GIAT/MAS rend les choses compliquées. D’autant plus que les livraisons ont été moins que linéaires dans le temps même à l’origine de la production.
Le bois de notre arme n’est pas au numéro mais notre FR-F1 porte le bon marquage fraisage d’origine des FR-F1 avec le numéro de série F 05268 en boitier, numéro qu’on retrouve également en culasse mobile. C’est super et déjà rare !
De quoi est-on sûr ?
Le FR-F1 n°F 1001 a été livré le 10/07/1968 à l’Armée et le n° F 6738 en… 1976 (!) à la Gendarmerie (8 ans donc pour sortir 5000 pièces y compris les Armée de l’Air en numérotation “COCOI xxx”) et trois ans après la fin officielle de la production du FR-F1 pour les derniers! Les tout derniers, de la toute toute petite série remontée en 1986, finissent dans les F 6800.
Mais pour situer le problème, le N°F 5674, plus de 400 armes “plus jeune” que le notre (F 05268), a été passé en recette à la MAS en début octobre 1970.
Cela veut dire que le gros des FR-F1 produits l’a été entre 1966 et 1970 (mais en 4 ans quand même) jusqu’à dépasser le n° F 5.600 au début du 3° trimestre 1970. La production fut donc très lente.
Notre arme est certainement issue du second marché FR-F1, le marché 40 EMAT/66 de 1966 portant sur 4.000 armes à livrer qui avait fait suite au marché 97 EMAT/65 de 1965 portant sur les 1150 premiers FR-F1.
J’aurais donc tendance à situer notre arme de fin 1969 – début 1970 au plus tard. Vraiment au plus tard. Elle est assez probablement de courant 1969 jusqu’en son 1er trimestre. Sans certitude. C’est un petit Prince de la fin de l’ère gaullienne.
Notre beau bébé est aussi bien équipé de sa “bonne” lunette et avec son bon montage réglementaire et sa bonnette de protection. Pourquoi dis-je “bonne” lunette ?
Sur les armes re-chambrées parfois vendues dans le commerce on trouve souvent des lunette APX 806 L en fait destinées au MAS 44, 49 et 49/56 mais qui lui ressemblent comme deux gouttes d’eau. Elles ne sont pas conformes. La bonne lunette pour notre FR-F1 est la lunette “APX 806 n° 3”. C’est d’ailleurs écrit dessus.
La n°3 est la lunette équipant les armes FR-F1 en calibre 7,5×54 Mas comme notre arme. Les lunettes équipant les fusils FR-F1 en calibre 7,62 OTAN sont les lunettes “APX 806 n° 4” et pas n°3.
Son numéro en “3032” en fait une des premières séries, et conforme en tous points à l’arme. Elle est bien claire et tout à fait apte à fonctionner.
Elle est bien fixée à l’arme avec le bon montage réglementaire d’origine aussi qui est une vraie tannée à trouver. Une vraie rareté à lui seul. Top ensemble !
Les bois sont sont conformes, en TBE, sans coups ou enture et quasiment aucune traces de manipulation même si les rayures de poignées sont usées. Cette usure des rainures de préhension est le seul défaut de ces bois.
L’appuie joue est le bon. Il se fixe et se retire sans problème.
Il faut d’ailleurs le faire pour retirer la culasse dont le numéro (celui de l’arme) est en fond de corps de culasse, en dessous, et plus en arrière du levier d’armement comme sur le Mas 36.
Le bipied est en TBE, parfaitement fonctionnel et ferme. Ce n’est pas toujours le cas sur les FR-F1.
Le fonctionnement mécanique de notre arme est impeccable – mécanique fluide mais nette et sans jeux. Ressorts fermes et percussion franche. Très belle mécanique.
La sécurité (en arrière de queue de détente – Pas de sécurité sur le MAS36) est parfaitement fonctionnelle aussi.
La détente est juste excellente pour une arme militaire. Elle est réglable par vis entre 1,7 kg et 2,3 kg. De quoi s’amuser.
Le canon est juste quasi neuf. Un poil sale mais miroir avec des rayures “au rasoir” comme je les aime et avec certainement plus de 99% de son potentiel d’origine. Une merveille !
L’arme ayant appartenu à un excellent tireur très exigeant je ne doute pas qu’elle soit un top de précision.
Cette beauté sera livrée avec un second chargeur (valeur 180 euros pièce) à talon caoutchouc dans leur housse de ceinture d’origine et sa bretelle conforme en cuir (celle du F2 est en tissu synthétique).
J’y adjoindrai en plus le tournevis crochet réglementaire, l’extracteur d’étui rompus et les jauges de chambre et de feuillure, et même la clé Facom d’origine (elle est resté dans la pochette pour la photo – timide!) pour le démontage du bipied, le tout dans la pochette cuir réglementaire d’origine propre au FR-F1.
Au titre de la documentation, toujours utile, on trouvera aussi la copie intégrale de l’indispensable “Cours d’armement petit calibre” propre au FR-F1. Tout ce qu’on doit savoir sur l’arme, son entretien et ses réglages (et ceux de la lunette) y est.
Arme, désormais mythique, dans un état magnifique, et de très très grande rareté en son calibre d’origine, ce fusil FR-F1, pas Dupuy, honorera les sommets d’une grande collection d’armes réglementaires françaises ou de précision.
A préserver avec un soin jaloux pour les générations futures. Ne rien y changer SVP.
Prix non négociable mais réglable en plusieurs fois. Et, plus on est connu (en bien) chez Maître Flingus plus le nombre de fois s’accroit. A une époque de décadence, il faut bien que quelqu’un récompense encore un peu la fidélité !
Aussi incroyable que cela puisse paraitre cette arme m’est venue avec sa “conversion” un ensemble canon ET culasse 100% FR-F1 et en 7,62 OTAN – Le deuxième calibre historique de l’arme après 1987 – C’est très très rare à la vente et c’est ici
Et en cette fin de présentation, je voudrai aussi rendre un hommage appuyé à l’homme qui a veillé sur cette pièce d’exception pendant des années et l’a chouchoutée pour nous la faire parvenir dans cet état. Un remarquable collectionneur-tireur, puits de science, de soin et de bon goût, et, accessoirement, rechargeur hors pair.
Sa clientèle et sa confiance m’ont honoré.
Arme de catégorie C au CSI : Licence de tir en cours de validité y compris médecin ou bien un permis de chasse avec sa validation pour l’année en cours ou l’année précédente et CNI ou passeport en cours de validité. COMPTE SIA OBLIGATOIREMENT OUVERT !!
Rappel avec votre licence ou permis de chasse vous pouvez détenir sans limite de nombre des armes de catégorie C.
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