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Très bon sabre russe de troupe du Modèle 1881 modifié 1891 ou 2° Type – Modèle pour Dragons – Fabrication Arsenal de Zlatoust de 1916 – Fourreau de troupe avec baïonnette 1891 tsariste incorporée – Arme devenue rare et en TBE

Sabres / Glaives / Epées - Swords

Très beau sabre russe de Dragon modèle 1881 du second modèle – Arme de troupe avec port latéral sur le fourreau de la baïonnette du fusil Mosin Nagant modèle 1891 (et pas 91/30) – Sceau de l’Arsenal de Zlatoust à l’aigle bicéphale – produit en 1916 – Fourreau conforme en bon état avec sa baïonnette du bon modèle – Très belle arme russe de la première guerre mondiale et de la Guerre Civile – Très bel ensemble bien d’époque – Rare et TBE.

SKU: 770-23
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Description

L’histoire de la Russie au XIX° siècle est un paradoxe. Comme souvent dans ce pays.

Période des plus brillantes intellectuellement, culturellement et scientifiquement, elle est aussi marquée par un retard ou plutôt une incapacité à la réforme dans son économie et, bien plus sérieusement encore, sur son modèle politique. Une forme de décadence alors que la culture russe brille de tous ses feux.

Des élites intellectuellement très vives mais promptes à prendre des idées venues d’ailleurs en pensant qu’elles peuvent s’appliquer telles quelles à une culture et un monde différent, conjugués à l’immense misère d’un peuple constituant 95% de la population, le tout vivant dans un système politique rebelle à toute idée de changement de l’autocratie, constituaient, à terme, un cocktail explosif.

Certes, il fallut encore les immenses souffrances de la première guerre mondiale pour déclencher, chez ce peuple plein d’esprit, patient et philosophe, pour lequel les notions de temps et d’espace n’ont encore aujourd’hui rien à voir avec les nôtres, l’explosion en 1917 d’un monde qui datait fondamentalement d’Ivan le Terrible avec les conséquences que l’on sait. Mais la bombe à retardement était posée depuis le milieu du XIX° siècle.

Ces caractères généraux de l’histoire russe au XIX °siècle se retrouve aussi dans l’évolution de son armement sur cette période.

L’immense guerre contre les français de 1798 à 1815, théâtre d’un gigantesque Guerre et Paix continental, avec son point d’orgue de l’épouvantable campagne de 1812, avait déjà conduit l’armée russe à se choisir des chefs, à faire les reformes nécessaires et à créer les arsenaux qui l’avait menée à la victoire. Commandée par des chefs comme Souvarov, seul général invaincu de l’Histoire avec Alexandre, le sage Barclay de Tolly, l’infatigable et rusé Koutouzov et des meneurs d’hommes exceptionnels comme l’Ataman Platov, appuyés sur l’excellent soldat russe et les capacités de souffrances de son peuple, l’armée russe avait, du point de vue des autres nations que la France, libéré l’Europe (pour une première fois) d’un dictateur occidental envahisseur et réputé invincible qui était aussi accessoirement un Dieu de la Guerre menant la meilleure armée de l’Histoire moderne, l’armée française révolutionnaire de 1792 à 1815. Sans l’incendie de Moscou, il n’y aurait jamais eu de Waterloo. Aucune chance de victoire contre la France. C’est bien les campagnes contre la Russie, et surtout la dernière, qui ont définitivement fait pâlir l’étoile dont le petit corse bénéficiait depuis sa naissance. Et la notre avec.

Puis étaient venus les 26 ans du règne congélateur et impitoyable de Nicolas 1er marqué fondamentalement par un débat d’une violence inouïe entre slavophiles autocrates et occidentalistes, visant à “purifier” la Russie de l’influence jugée néfaste des idées occidentales contractées par ses élites nobiliaires lors des guerres avec la France et se terminant par le KO technique des seconds. Son fils Alexandre II dut clôturer la Guerre dite de Crimée, commencée par Nicolas, et qui s’est, en gros, limitée au long et couteux siège d’une forteresse mais qui imposa des reformes nouvelles à l’armée russe.

Ça tombe bien car notre nouveau tsar, Alexandre II, est un réformateur qui mettra fin au servage et aux châtiment corporels dans l’Armée et y gagnera le surnom de “Tsar Libérateur”. Cela ne l’empêchera pas d’être assassiné par des anarchistes issus des classes intellectuelles supérieures du pays en mars 1881, preuve évidente de la violence des maux politiques qui commençaient à agiter le pays et menaient le régime vers sa phase terminale.

1881 est donc une année charnière qui marque un coup d’arrêt au mouvement réformiste porté par Alexandre II et d’ailleurs aussi l’année de naissance de notre sabre dans son premier modèle.

Notre sabre est issu de la volonté également réformatrice d’Alexandre III, fils et successeur d’Alexandre II. Mais réformateur en matière d’armée seulement. Car, pour le reste, Alexandre III, un colosse à la force peu commune qui le rapproche de son ancêtre Pierre 1er, ne veut pas d’autres réformes. Sa politique intérieure, est en effet très réactionnaire, motivée autant par l’assassinat de son père que sa nature. Il démonta d’ailleurs assez systématiquement une bonne partie des reformes de son défunt père et sera aussi l’un des rares tsars à vouloir pratiquer une russification forcée sur les cent peuples qui composent son Empire et le composent encore aujourd’hui. En effet, dans leur conquête de la moitié du monde vers le Pacifique, les russes, depuis les années 1500, quand cette conquête avait commencé sous Ivan le terrible, se sont en effet abstenus d’exterminer les petits peuples rencontrés – comme s’ils avaient tenus à se démarquer, encore une fois, de leurs amis anglo-saxons qui, des aborigènes aux indiens des plaines, eurent une politique bien différente.

Sur un plan militaire en revanche, Alexandre III a donc été plutôt novateur, conservant les reformes de son père et les accélérant encore sur l’organisation, la formation des officiers, la simplification des uniformes et règlements et, bien sûr, sur l’armement.

Notre sabre, un sabre de troupe de cavalerie, est le fruit de ces réformes.

Le premier modèle est adopté en 1881 donc au tout début de son règne. On parle en Russie du “système 1881” – Un système de rationalisation et d’amélioration qualitative de l’armement, et donc aussi des armes blanches, tout en restant adapté aux contraintes de cet immense pays et à la culture militaire nationale. 

C’est le Général Gorloff, Inspecteur Général des Arsenaux d’Empire, plus connu pour l’introduction dans l’armée russe du fusils Berdan I, des Smith&Wesson n°3 (il avait été attaché militaire aux USA) et des mitrailleuses Gatling, qui fut mis à la tête d’une Commission visant à remplacer, par un modèle d’arme blanche unique, et ses variantes adaptées aux différents Corps, la multitude d’armes blanches de toutes provenances qui existaient à l’époque dans l’Armée Impériale. Il présida aussi à la simplification des uniformes – sauf pour la Garde évidemment.

Pour ce qui est des sabres, on partit des longueurs de lames.

Quatre longueurs furent définies 71 – 74 – 76 et 81 cm variant en trois modèles de base – un pour les officiers – un pour la troupe montée avec adjonction du port de la baïonnette sur le fourreau du sabre –  un pour les sous-officiers, trompettes et artilleurs à cheval avec le même sabre que pour la troupe mais sans la baïonnette adjointe au fourreau.

Le choix de la monture se porta sur une variante du sabre portée à l’époque par les dragons, lui-même inspiré du modèle 1829 des canonniers à cheval français. Il devint commun à l’artillerie aussi.

la lame retenue fut inspirée de celle des sabres caucasiens dite “Voltchok” (ou “petit-loup”), appréciée pour ses qualités de maniabilité, un excellent compromis maniement/solidité, probablement inspirée dans ses origines d’une arme blanche locale destinée à la chasse de cet animal.

C’est notre sabre de ce jour.

Toutes ces armes devaient obligatoirement être portées “à la russe” ou plutôt en l’espèce “à la caucasienne”, troupes qui, avec les cosaques (il y en a des caucasiens aussi), avaient toujours donné à l’Empire d’exceptionnels cavaliers qui étaient allés jusqu’aux Champs Élysées en 1813. C’est à dire courbure de la lame portée vers l’extérieur à l’inverse du port à l’occidentale.

Les cosaques comme d’habitude en Russie remontèrent à Saint-Pet qu’ils ne voulaient pas transiger sur leur habitudes et eurent le droit d’appliquer la réforme mais sans munir leur sabre de la garde unique façon 1829 prévue par le règlement de 1881 – ce qui nous vaut aujourd’hui de trouver parfois ces magnifiques shashka de cosaque dont la ligne gracile fait toujours rêver Maître Flingus. Pour le reste, elles suivirent le règlement de 1881.

L’essentiel des sabres et shashka 1881 comme le notre furent fabriquées par l’Arsenal de Zlatoust (comptez 22 heures de voiture vers l’Est depuis Moscou) – sur la base d’une usine sidérurgique fondée par Catherine II vers 1750 (et dont les ouvriers participèrent à la révolte de Pougatchev) et d’un arsenal créé par Alexandre 1er vers 1800 (et à la création duquel participèrent, on le sait peu, des ouvriers spécialisés français de Kligenthal en Alsace qui firent souche dans le pays).

Le règlement de 1881 fut modérément appliqué par les officiers russes qui, comme leur collègues français, achetant leurs sabres sur leur deniers propres, se firent faire des pièces souvent spécifiques, respectant globalement à des divers degrés le modèle officiel pour officier mais avec des lames et décors venus de fourbisseurs privés (les plus prisés étant Fobine et Chaf & fils à Saint-Pétersbourg) et également des lames allemandes de Solingen (beaucoup plus rarement de Tolède mais ça existe). Le top du chic étant bien sûr d’adopter une lame magnifiquement gravée, souvent caucasienne, ou encore mieux une lame de famille et/ou prise sur l’ennemi (souvent hongroises de la campagne de 1849 car elles sont très belles).

A noter que la région de Zlatoust est encore réputée aujourd’hui en Russie pour ses graveurs sur armes.

Par sa longueur de lame de 81 cm, notre sabre est définitivement une arme de dragon (71cm pour l’artillerie) et de troupe puisqu’il porte la baïonnette au coté.

Notre pièce porte bien sur le pied de talon la marque à l’aigle bicéphale de l’Arsenal de Zlatoust ce qui en fait une arme réglementaire. Il a été fabriqué en 1916 et porte également le P cyrillique qui marque son acceptation militaire ainsi que le poinçon A d’inspection et un poinçon en L cyrillique dont j’ignore le sens (test?).

L’arme est mieux qu’en très bon état notamment dans sa garde bien solide avec un léger martelage au dos de poignée localisé à l’endroit où parfois les soldats gravaient le monogramme du souverain pour faire comme leur officier. A t-on voulu effacer ce symbole? Mystère. On y a ajouté une légère et charmante personnalisation toujours en cyrillique de laquelle je n’ai pu déchiffrer  que le diminutif “Tania”, diminutif du prénom féminin Anastatsia. Le reste est plus que probablement selon moi un nom de famille. C’est sûr que l’arme a vécu et elle m’a venir ce regret fréquent chez moi que certains de mes chers objets militaires ne puissent parler. Car celui-là, entre la guerre et l’émigration blanche, aurait sans doute eu beaucoup d’aventures passionnantes à me raconter.

La fusée de bois est aussi en excellent état et pas “bouffée de vers” – une fois n’est pas coutume et bien en place. La lame est, outre ses beaux masquages bien lisibles, dans sa bonne longueur et en excellent état. Pas de peu d’orange. Aucun jeu nulle part.

Le fourreau est bien du modèle de troupe – composé de deux lattes de bouleau sibérien, un bois léger, solide et imputrescible, entourées de cuir ce qu’il fait qu’ils sont souvent très abimés après un siècle (bien tourmenté) passé. Lui est globalement en TBE avec juste un manque de cuir au coté gauche et des fentes en coté – Il mériterait un léger et prudent graissage du cuir avec une crème neutre pour mieux le préserver.

Il est surtout bien complet de toutes ses garnitures bien solides et même de son anneau de suspension de bélière souvent manquant. Le “A” du même inspecteur général de Zlatoust apparait aussi sur la chape. C’est bien SON fourreau.

Ses garnitures sont du second modèle permettant le port de la baïonnette modèle 1891 cette fois. En effet, l’Armée russe a conservé ces sabres 1881, qui portaient originellement d’autres garnitures pour le port de la baïonnette Berdan 1870, quand en 1891, elle a adopté le fusil Mosin Nagant. Je vous invite d’ailleurs à lire mon petit texte sur la vie de cet officier remarquable, inventeur d’un fusil et d’une cartouche tout aussi remarquables, dont j’ai dressé un rapide portrait ici.

Notre sabre porte encore un très bel exemplaire de la “bonne” baïonnette 1891 à virole propre à ce modèle et à cette époque qu’il ne faut pas confondre avec la baïonnette 1891/30 (pour modifiée 1930), qui est, elle, à poussoir, et qui ornera les sabres soviétiques modèle 1927 et suivants. Notre baïonnette est bien une bonne baïonnette tsariste d’époque. Elle tient bien fermement sur ses garnitures solides. Très bel ensemble bien d’époque (car il y a des copies!).

Les sabres 1891/91 connaitront la campagne de Chine en 1900-1901, la guerre contre le Japon en 1904/5, la Première Guerre Mondiale, la Guerre Civile jusque 1923. Le régime soviétique les utilisera encore, même si, après 1930 environ, on n’utilise plus que la shashka cosaque ( à garnitures blanches pour le NKVD).

Ce modèle 1891, ou 1881 deuxième modèle, comme on voudra, est une arme classique et élégante, symbolique de l’armée russe dans son voyage tourmenté des XIX° et XX° siècle. Arme devenant rare et difficile à trouver dans cet état d’ensemble avec sa bonne baïonnette. Une très belle pièce, très Flingus.

 

Arme non classée au CSI mais interdite de vente aux mineurs : CNI obligatoire.

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