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Belle épée derviche dite Kaskara – du type des “Fuzzy-Wuzzy” soudanais – Complète fourreau d’origine et suspentes – Cuir souple en bon état – Solide assemblage de garde – Lame flexible très tranchante – Vers 1880 – TBE
Sabres / Glaives / Epées - SwordsBelle épée derviche – dite Kaskara – longueur 94cm – descendante des épées sarrasines – Armes redoutables entre les mains des “Fuzzy-Wuzzy” soudanais – Très difficile à trouver dans son état d’origine – Complète de son fourreau et de ses suspentes – Cuirs de construction souples et frais (les tannages traditionnels sont remarquables) – Fourreau décoré de motifs géométriques – Solide assemblage de garde en croix munie de grandes oreilles façon sabre hongrois – Lame flexible très tranchante – Traces de corrosion anciennes vers la pointe – TBE pour une arme exotique de qualité
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Description
Pauvre Lord Gordon…
L’expédition anglo-égyptienne de 1885 destinée à sauver les garnisons du Soudan réfugiées dans Khartoum se révèle être l’un des plus cuisants échecs subis par une puissance occidentale face à des indigènes. Il s’agit de l’événement le plus marquant d’un soulèvement initié quatre ans plus tôt. Nombre d’européens de toutes nationalités y seont capturés et vendus comme esclaves. Pour la presse de l’époque, les temps, pas si éloignés, des barbaresques était de retour…
C’est aussi, le revers le plus sévère subit par l’Empire Britannique au XIX° siècle.
Pourtant, la garnison avait des mitrailleuses Nordenfeldt. Même face à des adversaires six fois plus nombreux, qu’avait-il pu mal se passer?
Réponse: Affronter les redoutables guerriers derviches du Mahdi, armée musulmane la plus déterminée depuis la neuvième croisade de 1272!
Ce soulèvement Mahdiste se place dans le contexte des ingérences britanniques dans la région depuis le départ de Bonaparte en 1798.
À la chute des Mamelouks, une grande partie de l’administration et de l’armée égyptienne est en réalité tenue par des cadres britanniques théoriquement vassaux du Khédive, roi régnant sur l’Égypte. Or, à l’instar des temps anciens, le Soudan intéresse beaucoup le royaume d’Égypte. Au moins autant que les anglais. Des garnisons anglo-égyptiennes sont d’ailleurs présentes dans chaque ville importante du Soudan. La position du pays sur le planisphère en fait un maillon clef dans la constitution du futur chemin de fer courant du Caire au Cap. L’appétit britannique est donc grand et le Soudan est au cœur de ce menu.
Comment vont réagir les populations soudanaises à cette colonisation égypto-anglaise ? Et comment va se lancer cette insurrection face à ce qui est pour eux un tandem infernal entre des musulmans dévoyés complices de mécréants britanniques?
Revenons donc à la guerre sainte Mahdiste et à notre épée de ce jour.
Lancée en 1881, cette insurrection tire profit du chaos régional qui règne alors. On ne peut pas pour autant dire que les égyptiens du Khédive ne voient pas la révolte venir. Dès cette date, ils enverront régulièrement des troupes au sud du pays pour mater les insurgés soudanais, troupes tout aussi régulièrement étrillées, avec pour seul effet de fournir quantité d’armes modernes et munitions de prises aux derviches soudanais tout en les convaincant de leur invincibilité définitive sous le signe de Dieu.
Les étoiles s’alignaient donc pour Mohammad Ahmed. Son titre de rédempteur de l’Islam, “celui qui est guidé”, Al-Mahdi, ne pouvait plus être alors contesté. Son pouvoir terrestre reposait sur une tradition chiite relative au douzième et dernier calife, avant l’Al-Dajjâl, ou faux messie, que l’on pourrait rapprocher de l’Antéchrist chrétien. Le salut du maximum de croyants ne peut, dans cette tradition, s’obtenir qu’au prix d’un retour aux sources de l’Islam des origines, du respect de ses textes sacrés et du combat à mener contre ses ennemis de l’intérieur et de l’extérieur immanquablement inspirés par la Bête.
Les fidèles soudanais du Mahdi ou Derviches trouvent en lui le chef militaire et religieux dont ils avaient besoin contre la domination égyptienne appuyée par les anglais. Ce soulèvement est une réponse à la corruption de l’administration et aux comportements contraires au texte sacré auxquels s’adonnent les occupants égyptiens ne valant, aux yeux des autochtones, guère mieux que les mécréants anglais qui les soutiennent.
En 1884, poussé par des difficultés financières et sur les conseils mal avisés des administrateurs anglais (mais on ne peut rien refuser à un état qui vient de vous battre à plate couture deux ans plus tôt lors de troubles internes) l’Égypte décide de “rationaliser” son occupation du Soudan qui lui coûte un peu plus plus de 100 000 Livres Sterling par an, soit environ douze millions d’euro actuels. Leurs comptables devaient être écossais…
On décide donc de regrouper toutes les forces en présence dans la seule ville de Khartoum, désignant cette seule cité comme cible essentielle pour en finir avec le pouvoir anglo-égyptien dans la région. Les derviches mahdistes saisissent l’occasion. Assiégée pendant 313 jours, la ville tombe après avoir résisté aux canons et à la maladie. Le courage des habits rouges succomba au nombre et au fanatisme que l’on a lorsque l’on reconquière sa terre. Aucun quartier ne fut fait.
Il ne s’agissait plus pour les anglo-égyptiens de se battre contre des guerriers experts en corps à corps, mais bien face à un adversaire pourvu en plus du même matériel moderne que les anglais. Pour les munitions manquantes, il n’y avait plus qu’à se servir dans les cartouchières des morts…
Le gouvernement anglais n’y survécu pas non plus et tomba à Londres au Parlement avec la lointaine cité soudanaise.
En revanche, les guerriers derviches soudanais y gagnent le respect unanime des soldats britanniques pour leur courage indomptable.
Figure moquée dans la presse pour ses longs cheveux bouclés, sujet d’effroi pour les petits enfants anglais, le guerrier derviche aussi nommé Beja et surnommé « fuzzy-wuzzy » par Kipling et le soldat anglais, aura suscité l’admiration des anglais comme cela fut rarement le cas pour un peuple autochtone.
Leur armement traditionnel, consistait le plus souvent en une fine lance secondée d’un bouclier en peau d’hippopotame.
Mais l’arme qui faisait leur fierté, et avec laquelle ils étaient redoutables, étaient de longues épées à l’allure moyenâgeuses, les Kaskaras. Ces lames dévastatrices protégeaient les troupeaux des lions en temps de paix mais en temps de guerre associées au bouclier rond en cuir d’hippopotame elle défendait la terre contre ses envahisseurs
Dans l’imaginaire collectif, un guerrier oriental affectionne les fines lames courbes. Or les sources tant iconographiques qu’archéologiques montrent que celles-ci furent bien plus tardives qu’on ne pourrait le penser. Arrivant progressivement d’Ouest en Est à partir du XVIème siècle, ces lames courbes magnifiques remplacèrent les solides lames droites qui régnaient alors en maître sur le Proche Orient.
Les armes blanches à lame droite originelles avaient une apparence très similaires à celles de nos croisés. Nombreuses furent celles, « oubliées sur le terrain » qui resservirent pour chasser ceux venus les rechercher pour délivrer au passage une fois de plus le tombeau du Christ.
La mondialisation étant loin d’être une invention récente, de nombreux fabricants occidentaux se mirent à proposer comme objet de traite les longues lames droites à double tranchant dont plus personne ne voulait en Europe, lorsque la rapière s’imposa sur les épées de robes, derniers avatars de l’épée médiévale telle qu’idéalisée.
La production se maintint jusqu’en 1900 environ. A l’instar des montagnes de fusils Brown Bess et An IX recyclés et envoyés en masse au Levant, ces lames d’épées étaient assemblées localement et devenaient d’excellents répulsifs contre les lions qui appréciaient l’agneau pascal à tout moment de l’année. Il n’était pas rare d’apercevoir jusqu’au milieu des années 1950 de petits bergers portant sur les reins ces reliques d’un autre temps, symbole de leur statut d’hommes libres. De nos jours c’est plutôt l’AKM de fabrication chinoise qui les remplacent.
L’escrime qui était associée à ces armes est à rapprocher de celle qui était pratiquée en Europe médiévale et, au delà, dans de nombreux pays d’Asie, où ce n’est pas le poignet qui va réaliser le mouvement mais l’épaule toute entière. La position des doigts sur la poignée est plus proche d’une prise marteau, raison pour laquelle elle peut nous sembler petite si on adopte un placement de main d’escrime contemporaine.
La force portée dans les coups est alors décuplée et il est possible de facilement désarçonner son adversaire et de lui faire de méchants coups de taille. Autant dire qu’une fois les minces lignes rouges atteintes, il ne restait à leurs adversaires que bien peu de chances en combat rapproché.
Ramener l’épée d’un derviche constituait un exploit fort prisé. Il fut dit à une époque que toute école du Royaume Uni possédait dans ses greniers une Kaskara qui lui aurait été offerte en un autre temps par un de ses anciens élèves.
Trophée prestigieux, cette Kaskara nous parvient ici complète avec fourreau et avec son baudrier de maintien.
La poignée et le pommeau sont entièrement gainées de cuir, tressé en nœud turc au niveau du pommeau et enroulé sur le reste de la fusée. Ce cuir vient recouvrir deux des quatre oreilles qui partent de la garde à la manière des Palash d’Europe centrale et de nos An IX de cavalerie légère. Une toute fine pellicule d’oxydation s’est formée en surface. Encore bien rouge tant elle est récente, un simple nettoyage à l’huile et avec un pièce en cuivre (penny’s method dans la langue de Gordon) suffira à la faire partir en quelques instants. Votre serviteur n’a hélas pas le temps de s’en occuper, tant il y a faire dans sa grotte… TBE au global.
La forme de croix formée par le croisement de la garde est de la lame est étonnant de part son rappel du symbole chrétien. Du point de vue fonctionnel, le design est aussi simple qu’efficace, alors pourquoi changer une méthode qui gagne ?
L’assemblage se fait au moyen de deux éclisses parfaitement ajustées, ne laissant paraître qu’un jeu minime.
Le point d’équilibre de l’arme se situe à plus de vingt centimètres de cette dernière, confirmant sa conception avant tout orientée vers les coups de taille avec sa lame de 94 centimètres. Bien plus longue qu’un sabre de cavalerie légère ou d’un officier d’infanterie qui étaient en face.
La lame est de belles proportions. Allégée de trois fines gouttières en son fort, elle surprend par sa souplesse et son élasticité, pliée elle ne montre aucun signe de faiblesse et revient exactement à sa place. Bien que dépourvue de poinçon cette lame jouit d’un traitement thermique remarquables, signe que son forgeron, peu importe de quelque continent il était, savait travailler. Attention: son tranchant se délectera de vos doigts si vous ne faites pas assez attention…
On comprend mieux la réputation de sabreurs redoutables qui était celle des derviches.
Très peu de coups à signaler, quelques petits points de peau d’orange, son état est au plus proche de sa configuration d’origine et complet surtout. Très belle lame.
Le fourreau, d’une forme inhabituelle, doublant de largeur à quelques centimètres de la bouterolle terminale qui est en fer brut. Toutes les garnitures, anneaux de suspente sont de fabrication artisanale et ancienne. L’arme est des années 1880.
On retrouve ce même aspect sur les sabres soudanais, très appréciés par les méharistes, au point que, sur les rives du lac Tchad, ils sont quasi-exclusifs. Une telle disposition s’explique par une volonté de protéger les flancs des montures pour se prémunir des coups du dard du fourreau dans le creux de la cuisse.
L’ensemble est très joliment décoré par martelage du cuivre de façon traditionnelle entre motifs géométriques et formes allégoriques.
Si aujourd’hui les fourreaux ne sont déjà pas courant sur les armes orientales, cet ensemble est fortement valorisé par sa présence mais aussi de sa suspente également en peau et très rarement présente.
Si la mise en valeur des pièces exigeait autrefois de les séparer de leurs fourreaux pour les exposer lame nue, il en va tout autre de nos jours où l’on maintien l’intégrité de l’objet pour pouvoir appréhender et le comprendre.
Une lame exotique chargée d’histoire, qui n’eut peur ni des lions de la savane, ni de ceux de Juda et encore moins de celui de la couronne impériale britannique !
Cet équilibre entre traditions et échanges culturels lui a permis d’acquérir une identité propre et une allure unique. Très bonne pièce d’arme exotique par son ancienneté, sa charge historique, son état et sa complétude.
Arme non classée au CSI mais interdite de vente aux mineurs : CNI obligatoire.
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