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Très belle shashka « cosaque » soviétique du modèle 1927- Rarissime arme de troupe à garnitures blanches nickelées (et non laiton) pour le NKVD – Lame réglementaire à gorge unique et talon profond droit- Arsenal de Zlatoust en 1936 – Poinçons de réception homogènes – fourreau conforme et d’origine modèle troupe – TBE+
Sabres / Glaives / Epées - SwordsMagnifique Shashka de troupe soviétique du modèle 1927 – Shashka de type cosaque à garnitures blanche (nickel) pour troupes de cavalerie du NKVD – Arsenal de Zlatoust en 1936 – tous poinçons de réception et marquages bien visibles et homogènes – Fourreau bois et toile traitée conforme et d’origine – Arme soviétique de la plus grande rareté – TBE+
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Description
Ahhh! Les cosaques et leurs sabres…
Que d’images se bousculent à l’évocation de ce mot.
Tolstoï, Gogol, Lermontov, Cholokhov dans son fabuleux « Le Don Paisible » et bien d’autres en ont fait des romans. Et des plus beaux. Il y a en tant à dire.
Maître Flingus vous a déjà fait une brève histoire de ce peuple fascinant, assez méconnu chez nous en fait, et de la shashka modèle 1881, la plus célèbre de leur arme, ici.
Une histoire passionnante, complexe, essentielle et même consubstantielle à l’Histoire de la Russie qui ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui y compris géographiquement sans l’influence déterminante d’une poignée (littéralement) de cosaques.
Mais, aujourd’hui, c’est de leur l’arme, surtout dans sa dernière version de 1927, dont je voudrai vous parler.
Pour l’histoire, mais aussi surtout pour la collection. Vous allez voir.
Alors d’où vient donc la fameuse Shashka cosaque y compris dans ses ultimes modèles de 1927?
Le mot lui-même Shashka viendrait de la langue adyguéenne (comme se désignent eux-mêmes ceux que nous appelons nous, Tcherkesses ou Circassiens) signifiant « long couteau ». On est au nord ouest du Caucase et la capitale, c’est Maïkop.
Traditionnellement, les cosaques utilisaient leur propre armement, influencés autant par l’Occident que l’Asie.
En plus de classiques sabres à garde à branche unique, leur arme favorite est la lance, arme de cavalerie redoutable qui nous laissa de cuisants souvenirs en 1812/1814.
S’ajoutait à tout cela des armes à feux de types divers souvent d’influence turques.
Tout cela n’est rien moins que réglementaire, mais le pouvoir russe indemnise les cosaques de leurs frais d’armements et les équipe du manquant en cas de campagne ce qui crée quand même un début d’unité d’armement au sein de la très revendiquée autonomie cosaque.
C’est en fait durant les guerres de conquête du Caucase du début et du milieu du XIX° siècle que l’arme circasienne qu’est la shashka se répand, et est très largement adoptée par nos fiers cosaques.
Et ils l’adorent leur shashka. Arme légère, souple de maniement, et terrifiante de tranchant aux mains de ces redoutables cavaliers.
En 1796, un petit groupe cosaque rejoint la Garde Impériale où ils feront une carrière exceptionnelle. Des unités plus régulières de cosaques se forment donc.
A partir de la Campagne de Russie, on commence à essayer de leur donner une allure vaguement réglementaire avec leur propre système hiérarchique et d’organisation en Sotnia (« en centaines ») sans toucher à leurs privilèges et libertés bien sûr.
Vers 1881, on se mit en tête de changer et d’unifier leur système d’armes blanches et à feu. En effet, l’armement cosaque restait encore largement composé d’armes russes à piston ou type fusil Berdan et surtout, d’une multitudes d’autres armes à feu et de lames de famille et de prises souvent superbes d’ailleurs.
En 1881, c’est donc le Général Gorloff, Inspecteur Général des Arsenaux d’Empire, plus connu pour l’introduction dans l’armée russe du fusils Berdan I, des Smith&Wesson n°3 (il avait été attaché militaire aux USA) et des mitrailleuses Gatling, qui est mis à la tête d’une Commission visant à remplacer, par un modèle d’arme blanche unique avec quelques variantes adaptées aux différents Corps, la multitude d’armes blanches de toutes provenances qui existaient à l’époque dans l’Armée Impériale.
Maître Flingus vous a fait une brève histoire du système d’armes russes 1881 ICI.
Il présida aussi à la simplification des uniformes – sauf pour la Garde évidemment trop prestigieuse pour être « simplifiée ». Mais les cosaques sont concernés.
Pour ce qui est des sabres, on partit des longueurs de lames. Et tout ça durera jusque 1918.
Deux longueurs furent définies, 81 cm et 87 cm, variant en trois modèles de base (avec un anecdotique modèle 1904) – un pour les officiers – un pour la troupe montée avec adjonction du port de la baïonnette sur le fourreau du sabre – un pour les sous-officiers (et les musiciens!), avec la même arme que pour la troupe mais sans la baïonnette adjointe au fourreau.
Au départ, la commission Gorloff imagina la même arme pour tout le monde, un sabre.
Le choix de la monture se porta sur une variante du sabre portée à l’époque par les dragons, une arme à garde à une branche, lui-même inspiré du modèle 1829 des canonniers à cheval français. Il devint commun à l’artillerie aussi.
Quoi ? Un sabre à une branche en garde ?
Abandon donc de la désormais « traditionnelle » shashka cosaque sans branche et sans la forme caractéristique de son pommeau en bec d’aigle, l’oiseau compagnon de toujours des chasses aux loups ?
La même arme pour le fier cosaque qui monte à cheval depuis l’enfance et pour le simple cavalier moujik qui a monté son premier cheval au service militaire ?
Et puis quoi encore? On se moque de qui?
Les cosaques, comme d’habitude en Russie, remontent leurs griefs à Saint-Pet, indiquent que Général ou pas, ils ne veulent pas transiger sur leur habitudes et demandent le droit d’appliquer la réforme mais sans munir leur sabre à eux de la garde unique façon 1829 prévue par le règlement de 1881.
Cela leur est bien évidemment accordé par un pouvoir sensible à l’Esprit de Corps de ces cavaliers d’élites, gardiens des frontières de l’Empire.
Cette histoire nous vaut donc encore aujourd’hui d’avoir trouvé notre magnifique Shashka du modèle 1927 de ce jour avec sa jolie forme gracile, si adaptée aux manœuvres du sabre en souplesse.
Quitte à en oublier toute protection de la main et des doigts.
Le brave cosaque ne se soucie guère de ces détails…
Pour eux, l’essentiel est bien d’être capable de couper pratiquement en deux leurs ennemis d’un seul coup de ce sabre qu’ils n’ont pas vu venir. Leur shahska traditionnelle le fait très bien. Et ils s’y entrainent souvent.
L’essentiel de ces shashkas 1881 réglementaires d’ancien Régime furent fabriquées, y compris pour les « blancs » après 1917, jusque vers 1919/20 par l’Arsenal de Zlatoust. Pour aller à Zlatoust, comptez 22 heures de voiture vers l’Est depuis Moscou.
Le lieu est assez historique pour l’armement russe. Car il est, à l’origine, une usine sidérurgique fondée par Catherine II vers 1750 (et dont les ouvriers participèrent en 1773 à la révolte de Pougatchev, encore un cosaque, révolté et libertaire, comme souvent).
Cette usine sidérurgique fut doublée d’un arsenal créé par Alexandre 1er vers 1800 et à la création duquel participèrent, on le sait peu, des ouvriers spécialisés français de Kligenthal en Alsace qui firent souche dans le pays.
Les shashkas du modèle 1927, notre arme de ce jour, seront elles aussi pour l’essentiel fabriquées dans cet arsenal de Zlatoust mais plus tard. On va y revenir.
Ces sabres de cosaques 1881, ancêtres directs et très proches de notre ultime modèle 1927 de ce jour, auront une cruelle et vaste descendance historique.
Après la gloire des campagnes de cavalerie contre le Japon et l’Allemagne de Guillaume II en 14-18, elles connaitront les affres de la guerre civile.
Par décret du 24 janvier 1919, le pouvoir bolchévique ordonna l’extermination des cosaques « en tant que classe » tant beaucoup d’entre eux se distinguaient éminemment dans la lutte contre le pouvoir soviétique.
Cela explique en partie la relative rareté de ces shashkas impériales majoritairement perdues durant la Grande Guerre et la Guerre Civile.
Si on en voit encore de temps à autres chez nous (et elles encore repartent massivement en Russie), c’est uniquement du à l’émigration blanche d’après 1921 qui en a ramené dans ces bagages.
Mais le prestige de cette arme est tel que, dès 1919, elle devient une arme de récompense pour les meilleurs serviteurs militaires ou policiers du nouveau régime, ornée de décorations d’émail du Drapeau Rouge et de lames gravées.
Elles sont superbes ces shashkas bolchéviques. On peut encore les voir au milieu de magnifiques Mauser C96 de récompense aussi dans les salles du Musée de la Révolution à Moscou qui vaut vraiment le détour pour l’amateur d’Histoire.
Le calme revenu, par l’ordre n° 583 du Conseil Militaire Révolutionnaire de l’URSS en date du 15 novembre 1927, l’armée rouge adoptera pour l’ensemble de sa cavalerie un sabre quasi identique à notre shashka de cosaque 1881, le modèle 1927.
C’est notre arme de ce jour.
Elle sera produite en nombre jusque 1946, année où la production de ces shashkas du modèle 27 cessera avec la dissolution définitives des dernières unités de cavalerie de l’Armée soviétique
A titre exceptionnel, quelques armes de prestiges ou de récompense seront encore produites entre les années 1950 et jusqu’au printemps 1998.
A noter que, pour le défilé de la Victoire du 24 juin 1945, qui reste à ce jour le plus grand défilé jamais organisé sur le territoire russe, une production spéciale fut réalisée avec une ornementation gravée dans le style des années 30 plus recherchée que les modèles du temps de guerre.
Mais on ne parle plus ici de cosaques mais bien d’unités de cavalerie soviétiques ayant repris cette arme prestigieuse.
Et nos cosaques alors ? Totalement disparus de l’URSS pour contre-révolution invétérée?
Pas vraiment. Car, en 1936, c’est Staline lui-même qui reconstruit des unités cosaques sans doute pour récompenser ceux qui, assez nombreux quand même, avaient mis leur espoirs dans la Révolution et avaient combattu les Blancs. Ou bien se taisaient en en pensant pas moins.
Certains hélas jureront utile de passer aux allemands lors des occupations de 41/43 dans l’espoir de renverser le régime. Ils auront un destin tragique. Celui des vaincus de l’Histoire.
Après 1990, à la chute de l’Union Soviétique, les cosaques recommencent à reprendre forme et un rôle militaire. Toujours celui de défenseurs des frontières de l’Empire mises à mal par la dissolution de l’URSS et la faiblesse du pouvoir central.
Les années aidants, ils sont redevenus une formation auxiliaire de l’armée russe mobilisable si besoin. Ils ont donc été illico engagés dans la Guerre d’Ukraine. L’histoire des cosaques s’est donc remise en route avec celle du monde.
Notons que, depuis le printemps 1998, alors que les dernières shashkas de prestiges pour récompense militaires étaient produites, la production de shashkas de troupe reprenait pour ces nouvelles unités cosaques.
Ressuscitée la shashka! Au moins pour la parade et l’exercice….
La shashka est aujourd’hui la dernière arme blanche à lame longue à être employée à grande échelle (car troupe comprise) par une armée moderne dans le monde. Elle figure toujours dans la liste officielle des armements individuels de troupe de la Fédération de Russie pour les unités cosaques. Le fouet y est aussi d’ailleurs. Et toujours pour les unités de police cosaque.
Voilà terminée cette petite histoire résumée de la célèbre shashka, devenue désormais inséparable de la silhouette du cosaque dans l’imaginaire des peuples.
En quoi notre shashka modèle 1927 de ce jour est-elle différente de sa célèbre prédécesseur réglementaire de 1881 ?
La principale modification immédiatement visible est bien sûr l’apparition de l’étoile rouge avec marteau et faucille. Elle trouve sa place au milieu des rinceaux de feuillage du dos de poignée. La forme générale, poignée, lame et fourreau reste néanmoins la même que pour le modèle 1881.
Sur un plan plus technique, le talon de la lame a été légèrement rétréci et surtout la soie de la lame a reçu un angle d’inclinaison plus prononcé par rapport à la lame que sur le modèle 1881.
Plus important et significatif, pour le modèle 1927, un gabarit unique de lame a été adopté d’une longueur de 80 cm (790-810mmm). C’est bien le cas de notre arme.
Un bon moyen de distinguer les Modèle 27 des quelques copies en circulation est de retenir de la lame à sa base doit faire 32/33mm et être épaisse de 6mm au moins.
Les copies sont plus petites en lame. Les gravures de poignée sont moins bonnes (plus grossières). Elles ne sont pas fixées en soie avec un rivet en forme de cercle en deux morceaux et avec deux encoches comme sur les originaux.
Les marquages sont aussi différents sur les originales.
D’abord, les originaux portent toujours un indicateur de dureté de l’acier utilisé en talon de lame coté droit sous forme d’un poinçon du type 15 Кр, 18Кр, 17Кр… de la fin des années 1920 jusqu’au milieu des années 1930. Ce Кр est un indicateur en kilopascals.
À partir du milieu des années 1930 cet indice de dureté sera indiqué en kilogrammes par cm² avec un marquage « Кг ». Dès 1941, les lames ne portent plus de marquage de dureté.
A ces indicateurs de qualité s’ajoute une lettre « Г » toujours à droite commune à tous les exemplaires produits entre 1928 et 1940 dont je n’ai pas la signification.
Le talon porte aussi sur le coté gauche un indicateur de l’usine de production. Pour ce qui est de l’arsenal de Zlatoust, qui a produit notre arme de ce jour, il a beaucoup varié sur les 19 années de productions de l’arme dans cet arsenal.
J’indique ici pour les amateurs non russophones ce que j’ai retrouvé sur le net russe et qui les aidera à vérifier la cohérence des armes qu’ils pourraient trouver.
De 1928 à 1931 en tout début de production, on trouve «ЗЛАТ.ОР.ФАБР.», de 1932 à 1934 «ЗГЗ», de 1935 à 1938 «ЗИЗ», de 1938–1944 «ЗИК» et enfin en 1945–1946 «ИМЗ».
Tout cela est en fait lié à des changement de dénomination et d’objet officiel de l’arsenal de Zlatoust au fur et à mesure des changements de productions ou d’introduction de productions nouvelles.
On y trouve aussi, sur ce coté gauche du talon, l’année de production.
Elle est indiquée par une série de chiffre suivis par la lettre « Г » qui est ici l’abréviation du mot « God » (prononcez Got’) pour « année ».
Celle ci est indiqué devant le « Г » à quatre chiffre de 1927 à 1934, puis seulement les deux derniers chiffres de l’année de 1934 à 1941, avec un retour aux 4 chiffres à partir de 1941 jusque 1946.
La notre indique « 36 Г » ce qui indique donc une arme de 1936. C’est d’ailleurs cohérent avec son marquage de fabricant, toujours en talon à gauche, qui est le «ЗИЗ. C’est celui utilisé de 1935 à 1938 comme indiqué ci-dessus.
Évidemment, toute lettre occidentale qui n’existe pas en Cyrillique type « L » (déjà vu sur des copies!) rend la pièce suspecte.
Le modèle 1927 ne connaitra qu’une seule modification significative de construction sur sa période de production.
En 1931, la longueur de la poignée passe de 10 à 11,5 cm « au creux du bec » dans le but d’améliorer l’ergonomie de la prise en main.
Comme l’écrivait un des inspecteurs prônant ce changement, P. Zatinchtchikov : « Plus on cherche à atteindre l’essence de l’art de manier la shashka, plus on se rend compte des insuffisances de la poignée de la shashka cosaque. Notre poignée mesure 4 pouces de long sur le « ventre » (partie la plus large). Cette longueur s’est révélée insuffisante à l’usage : elle gêne le mouvement du poing lorsqu’on passe du coup de taille au coup d’estoc, et inversement… ».
Notre exemplaire est bien de ce type à poignée allongée.
La fabrication connaitra en outre des changements de finitions sans que l’on puisse parler véritablement de modèles différents.
A partir de 1941, le ricasso (base de lame) passe d’un angle droit à un angle arrondi à cause du laminage qui remplace la forge.
Surtout l’ornementation de la poignée est de plus en plus simplifiée jusqu’à être réduite à une simple étoile à partir de 1942.
Des matériaux de substitution sont souvent utilisés et on procède parfois au bronzage des pièces métalliques. Le Kirza (un cuir synthétique) est utilisé pour les fourreaux.
Les collectionneurs parlent parfois de « Modèle 1942 » pour ces version simplifiées en production du Modèle 1927. Mais l’Armée Soviétique, elle, réglementairement, n’a connu que le Modèle 1927.
Cette période de guerre est aussi celle où la production de notre shashka de cosaque est confiée aussi à d’autres points de productions que Zlatoust.
J’en ai vu une de troupe, sortie de (ОВРЗ) (ou Usine de réparation de wagons Ordjonikidzé au marquage « ВРЗ ». Elle n’en a produit que 69 000 en 1941–1942.
L’usine de Tambov en a aussi produit une petite série durant cette période. Les auteurs russes parlent d’une petite série expérimentale (150 à 500 pièces), à poignée plus inclinée vers la lame et sans symboles soviétiques.
Pour compléter ce tableau de la production de ces armes, il semble que le dernier lot de shashkas avec des douilles de fourreau pour port de la baïonnette soit sorti en 1942.
Combien de shahskas modèle 1927 sont elles sorties de l’arsenal de Zlatoust ? Impossible de le savoir.
Plusieurs centaines de milliers sans doute car la Russie en guerre ne fait jamais les choses à moitié. Mais il n’en demeure pas moins que les exemplaires datant de la période d’avant guerre sont bien plus rares que ceux de la période de guerre.
Et, surtout, il est clair que nombre de ces pièces devenues totalement inutiles militairement ont été ferraillées pour récupérer le métal après 1945.
C’est de qui explique que ce modèle 1927 soit aujourd’hui peu courant et recherché (d’où aussi l’apparition de copies – toutes laiton – fin des années 1990/ début des années 2000). La shashka modèle 1927 reste un peu plus courante (quand elles sont à garnitures laiton/jaunes) que les modèles 1881 pré révolutionnaires (eux-mêmes un peu plus courant en France qu’ailleurs du fait d’une importante communauté russe blanche).
L’essentiel, et même la quasi totalité, de ces armes / shashkas produites par Zlatoust sont des armes à garnitures laiton/bronze ou mélange cuivré (en période de guerre) destinées au troupes de cavalerie « ordinaire ».
Mais un petit lot d’armes, devenues très rares, se distinguent dans cette production soviétique.
Et notre arme de ce jour en fait partie.
Il s’agit des shashkas à garnitures blanches (et non laiton), nickelées, qui étaient réservés aux seules troupes de cavalerie du redoutable NKVD, les forces militarisées du Ministère de l’Intérieur du non moins redoutable Lavrenti Pavlovitch Beria.
En effet, au delà du Goulag, et de tout l’appareil policier « ordinaire », du renseignement, du contre-espionnage, des missions purement administratives et de l’appareil pénitentiaire propre à toutes les missions ordinaires d’un Ministère de l’Intérieur partout dans le monde, le NKVD soviétique se distinguait par des forces armées militarisées conséquentes et très bien équipées.
Elles constituaient l’une des gardes ultimes du régime en quelque sorte. Ce qui ne les empêcha pas, bien au contraire, d’être engagées au combat contre l’envahisseur en 1941 comme les unités proprement militaires. Ses membres compteront d’ailleurs nombre de Héros de l’Union Soviétique comme dans l’armée.
Ces forces se distingueront toutefois de l’armée en ce qu’elles assumaient, en plus, la chasse aux déserteurs et aux fuyards (comme notre Gendarmerie en temps de guerre) et les opérations les plus vastes de contre-espionnage. Mais elles assuraient aussi la répression contre les traitres et les séparatistes tentant de profiter de la guerre pour agir.
Ces forces armées seront notamment celles qui, en pleine guerre, et avec des moyens formidables, déporteront les séparatistes et/ou collaborateurs du Caucase, de Crimée ou d’Asie centrale parfois par populations entières pour les soustraire à l’influence de l’ennemi.
Ce sont aussi eux qui, on le sait peu ici, lutteront avec les « partisans » et réseaux laissées par les allemands sur les arrières des soviétiques pour les harceler et les combattre en attendant un « retour en forme » de la Wehrmacht qui ne viendra jamais.
Ces unités militaires du NKVD, et parmi elles la Cavalerie souvent, feront donc la chasse dans les immenses forêts de Russie mais surtout d’Ukraine et des pays baltes à des bandes très armées et bien formées souvent composées d’anciens SS et collaborateurs de ces pays.
Cette lutte du NKVD contre ces éléments durera jusque 1953, ravitaillés qu’ils seront encore par les occidentaux de l’OSS à partir de 1946/47, devenus soudains ennemis de Guerre Froide de leur principal allié d’hier…
Les russes ont d’ailleurs un mot assez amusant et teinté d’ironie pour designer ces partisans d’un autre genre: La « Fraternité de la Forêt »!
A ces troupes d’élite qu’a appartenu notre shaskha de ce jour. Elle est TRÈS rare. Directement, je ne pensais pas la voir un jour alors que j’ai vu plusieurs modèles militaires ordinaires en garnitures jaunes.
Son nickelage d’origine est plutôt très bien conservé comme son fourreau.
Il était probablement de grande qualité et bien épais dès l’origine ce qui explique son excellente conservation (en comparaison par exemple du nickelage des sabres modèle 1882 français souvent dans un état désastreux). Il faut dire que l’URSS et la Russie n’ont jamais manqué de nickel…
Et ses seuls deux défauts significatifs de nickelage racontent aussi une partie de son histoire. Elle porte en effet un manque de nickelage en poignée à droite et en pendant (beaucoup plus petit) au fourreau.
Et ce n’est pas du à un mauvais entretien ou à un un défaut du nickelage qui est superbe et a été très bien conservé sur la quasi totalité de l’arme et lui donne une très belle allure.
Qu’est-ce à dire ?
Et bien c’est du à un frottement / effacement volontaire!
On a volontairement essayé d’effacer un chiffe « 1/66 » en garde et en fourreau. Sans doute un numéro d’inventaire ou d’unité qu’on a voulu éliminer quand elle a « disparu » des stocks sans doute… Peut-être dans le binz des années 90 russes.
C’est d’ailleurs peut-être un marquage propre au NKVD car je ne l’avais jamais vu sur un exemplaire ordinaire en laiton
En tous cas l’oxydation (de surface) qui a fait place au nickelage gravé a fait ressortir ces chiffres ! Qui sont nettement devinables. L’oxydation est légère et parfaitement nettoyable avec un peut de paille de fer et de WD40 mais il faut y aller doucement sur ces zones pour garder ces chiffres lisibles…
C’est in fine le seul vrai défaut de cette belle arme mais je le trouve en soi intéressant.
L’arme est donc au passage aussi mono-matricule.
Les ornements de poignée – marteau -faucille – étoile – décors floral et mention « CCCP » (lire « SSSR ») sont, comme il se doit sur ces armes de la période 1931 -1940, gravé à la main (moulés avant 1931) et les détails sont fins. TBE+
Sa poignée en bois est en excellent état – avec ses torsades « arrondies en sommet » là aussi typiques de cette période de production.
Hors le manque volontaire de nickelage en garde signalé ci-dessus, le nickelage de poignée est présent à plus de 98% et très épais. Il résistera longtemps et l’arme est juste très belle. Il suffit de regarder les photos d’ensemble pour s’en rendre compte.
La lame est bien dans sa longueur réglementaire de 1927 à 80 cm, inspirée, comme son ancêtre de 1881, de celle de ces fameux sabres circassiens surnommés “Volktchok” (ou “petit-loup”), appréciés pour leurs qualités de maniabilité.
Cette taille et cette forme sont un excellent compromis maniement/solidité, et probablement inspirée elle-même dans ses origines d’une arme blanche locale destinée à la chasse de cet animal.
Cette lame est à nettoyer comme le reste. Malgré quelques taches d’oxydation dues à de la graisse séchées et qui sont rattrapables, elle est excellent état et encore TRÈS coupante comme à l’origine. Elle est bien lourde et aux dimensions réglementaires. TBE/TBE+
Mais prudence en la manipulant SVP. Je le répèterai une troisième fois !
Tous ses marquages sont nets et bien lisibles. Superbe.
Le fourreau est du bon modèle en bois recouvert de toile apprêtée de noir de façon très soigneuse. Tellement soigneuse que seul l’examen attentif d’un de ses rares petits éclats m’a permis d’en déterminer la nature exacte.
Ce revêtement n’a que très très peu « sauté » (quelques éclats éparses) ce qui est rare sur ces armes habituellement bien « écaillées ». Ici il est présent à 98% et superbe. Elle a vraisemblablement peu servie. TBE+
Les garnitures acier nickelé de l’arme en fourreau sont aussi superbes. Elle sont surtout partout ornées d’un « K » cyrillique. Et c’est important.
Il est sur toutes les garnitures et la lame (mal venu en lame mais il y est). Il s’agit de la marque d’acceptation de l’arme pour le service. Et le « K est bien la lettre qui doit figurer pour les shashkas de la période 1936-1938.
Pour les collectionneurs avides de données sur ces armes (car l’essentiel de la doc est en russe), je donne ici la liste des poinçons cyrilliques de réception par année:
o 1928–1930 : « О », « Нв »
o 1930–1935 : « Н »
o 1936–1938 : « К »
o 1939 : « Л »
o 1940 : « * » (étoile)
o 1941 : « М »
o 1942 : « Г »
o 1943 : « Ф »
o 1944–1946 : « Ц »
L’arme porte aussi en dessous de bec de poignée la lettre « M » qui est aussi un poinçon de réception, celui de Manditch P.P, probablement le réceptionnaire du NKVD dans l’usine.
Il s’agit d’une arme de troupe avec baïonnette du modèle 1891/30 qui est bien présente pour compléter ce superbe ensemble très rare.
Attention aux doigts encore une fois, car notre shashkas est encore bien aiguisée et n’a rien perdu de ses vertus vulnérantes…
Bref, une arme superbe, déjà assez rare en authentique dans sa version ordinaire laiton et exceptionnelle en garnitures blanches. Particulièrement recherchée, même en Russie, surtout quand il s’agit du NKVD.
Ne pas s’illusionner. Ces armes du modèle 1927 ont réellement connu le combat durant la seconde guerre mondiale avec des charges réussies comme le raid du colonel Dovator dans l’oblast de Smolensk (14 septembre – 2 août 1941) ou l’assaut des cosaques du Kouban sur le front du Kouban, près de la stanitsa de Kouchchevskaïa, le 2 août 1942.
Je vous ai d’ailleurs mis ici quelques photos peu connues chez nous de ces belles shashkas en action durant la seconde guerre mondiale.
S’il vous prends l’envie de la porter au coté pour une allure à la fois classe et martiale au supermarché ou en réunion de parents d’élèves (c’est une – mauvaise – plaisanterie évidemment), sachez que, réglementairement, la shashka modèle 1927 se portait « à la caucasienne », c’est-à-dire lame tournée vers l’arrière, permettant un dégainage rapide et un coup de taille immédiat.
In fine une arme prestigieuse, symbolique, rarissime dans cette version NKVD et en état global plus qu’excellent – complète de sa baïonnette. Pièce de tout premier choix pour un collectionneur d’armes russes ou de cavalerie souhaitant ajouter une arme exceptionnelle par son allure et sa rareté à sa collection.
Dernier modèle réglementaire de l’arme légendaire d’une troupe légendaire.
Arme non classée au CSI mais interdite de vente aux mineurs : CNI obligatoire.
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